Des centaines de milliers sont venus au Qatar pour le chantier du Mondial-2022 de football. Cinquante travailleurs immigrés sont morts et plus d'un demi-millier ont été grièvement blessés l'an passé au Qatar en plein chantier pour accueillir le Mondial-2022 de football, a indiqué vendredi l'Organisation internationale du travail (OIT). Le riche émirat gazier est régulièrement condamné par les ONG internationales pour le traitement réservé aux centaines de milliers de travailleurs venus notamment d'Asie sur les grands chantiers de la Coupe du monde. Selon le rapport de l'agence onusienne, la plupart des travailleurs immigrés décédés en 2020 sont morts lors de chutes ou d'accidents de la route, en majorité sur leur lieu de travail. Par ailleurs, 506 travailleurs immigrés ont été grièvement blessés en 2020 et 37 600 autres ont subi des blessures légères ou modérées. L'OIT dit avoir été confrontée à des failles dans les données collectées et s'être appuyée sur des institutions qui ne catégorisent pas toujours de la même façon morts et blessés au travail. Les données «ne sont pas collectées de manière systématique», a affirmé dans un communiqué Max Tunon, à la tête du bureau de l'agence onusienne au Qatar, le rapport appelant à la mise en place d'une «plate-forme nationale» rassemblant toutes les données. Accueil positif du Qatar «Nous devons agir dans l'urgence, car derrière chaque chiffre il y a un travailleur et sa famille», a-t-il ajouté. «Une autre recommandation clé est de mieux enquêter sur les causes des décès qui ne sont pas catégorisés comme étant liés au travail, mais qui pourraient l'être», selon Max Tunon. Le Qatar a accueilli avec enthousiasme la publication du rapport, soulignant qu'il reflétait l'engagement du pays à coopérer en toute transparence concernant les droits de ses travailleurs. «Le Qatar étudie les recommandations du rapport et va continuer à travailler avec l'OIT», a affirmé un porte-parole du gouvernement. Doha assure avoir fait beaucoup pour améliorer les conditions de travail des travailleurs immigrés, qui sont plus de deux millions dans le pays. L'émirat du Golfe a annoncé plusieurs réformes depuis l'attribution du Mondial en 2010, notamment l'instauration d'un salaire minimum et la possibilité de changer plus facilement d'employeur. Mais leur mise en œuvre se fait attendre, selon les critiques. En février, Doha avait farouchement démenti des informations du quotidien britannique The Guardian chiffrant à plus de 6 500 le nombre de travailleurs immigrés morts au Qatar depuis 2010, mais refuse toutefois de rendre public le nombre exact de morts.