Le Maroc et l'Espagne entretiennent des relations fortes depuis des décennies, quel que soit le détenteur du pouvoir exécutif dans les deux pays. Car ces relations sont ancrées dans l'histoire, affirme La Razon dans son édition du 27 mai. «L'Espagne sait que le Sahara est une terre marocaine même si elle ne l'a jamais officiellement admis », précise le média espagnol. La grave crise entre Rabat et Madrid n'est ni la première ni la dernière. Mais la dernière en date, qui dure depuis fin avril, a une particularité, celle d'être « surprenante et incompréhensible ». Elle met en cause les principes de la démocratie espagnole. Comment expliquer que, pour extraire Brahim Ghali des poursuites judiciaires en Espagne, le gouvernement ait accepté l'entourloupe de la fausse identité ? s'interroge La Razon. Alors que la justice espagnole a démontré son indépendance dans des affaires touchant des sommités de l'Etat espagnol, comme le Roi Juan Carlos. Cette attitude interlope du gouvernement espagnol devrait préoccuper les figures démocrates et les voix sages de l'establishment espagnol, comme Louis Zapatero et d'autres figures influentes de premier plan. Malheureusement, ils sombrent dans le mutisme malgré les dernières évolutions qui dévoilent des compromissions souterraines avec des nervis séparatistes pour assurer à Brahim Ghali un suivi médical en Espagne. Cette crise est incompréhensible, C'est une véritable énigme, juge la même source. Pourtant, le Maroc et l'Espagne, pays amis, partenaires et proches depuis des siècles, avec une réalité géographique immuable marquée par un voisinage déterminant, car chaque pays assume une sorte d'extension de l'espace de vie par rapport à l'autre, et se retrouvent confrontés tous deux au même phénomène de l'immigration clandestine. L'Espagne, dans le cadre cette affaire et de ses conséquences, « a réclamé la compréhension et la solidarité de l'Union européenne ». La politique européenne doit être fondée sur quatre principes fondamentaux tels que la prévention ; la coopération opérationnelle avec les pays d'origine et de transit ; la lutte contre les réseaux criminels de trafic de migrants et la meilleure gestion des frontières. Le Maroc accueille sur son territoire plus de 50 000 Subsahariens qui n'avaient pas comme but de terminer leur périple sur le sol marocain. C'est une preuve du sérieux et de l'engagement marocain, pointe La Razon. Demander à l'Union européenne de faire pression sur le Maroc n'est pas une solution, c'est une démarche contre-productive et dangereuse pour la collaboration bilatérale sur une question aussi stratégique pour l'Union européenne que pour l'Espagne. Sur le plan sécuritaire, Rabat et Madrid sont nécessairement préoccupés par la lutte contre le terrorisme, l'extrémisme religieux, le trafic international de drogue. Le Maroc « a démontré qu'il est un partenaire très fiable ». Ce sont les dirigeants espagnols eux-mêmes qui l'affirment depuis deux décennies. José Bono, ancien ministre de la défense a déclaré que « rompre les relations sécuritaires avec le Maroc serait suicidaire » Sur le plan économique, L'Espagne est devenue le premier partenaire économique du Maroc. Il y a plus de vingt mille entreprises ibériques qui ont des intérêts au Maroc. Enfin, L'Espagne, pourtant ancienne puissance colonisatrice, sait que le Sahara est une terre marocaine. Mais, pour des raisons d'équilibre, elle ne l'a jamais officiellement admis et le Maroc n'en a jamais fait un casus-belli. Vouloir altérer et déformer ces réalités serait une grave erreur, car d'une part cela sera annonciateur de troubles et de conflits sans fin dans la région du sud de la Méditerranée où le Maroc et l'Espagne sont deux nations très attachées à leur unité et à leur intégrité territoriale. Ensuite cette région a besoin de plus d'intégration, d'un marché plus ouvert, pour assurer son décollage et satisfaire les aspirations de sa population majoritairement jeune.» Des centaines de milliers de Marocains vivent en Espagne, les influences culturelles sont évidentes des deux côtés, est-il judicieux de compromettre cette entente au lieu de reconnaître une faute sur l'affaire El Ghali ? Quelle sortie de crise propose l'Espagne ? Ce sont les vrais questions auxquelles devrait répondre le chef du gouvernement Sanchez. Dans peu d'années, l'Espagne et le Maroc feront le lien entre les continents africain et européen. De leur entente dépend la stabilité mondiale. C'est une responsabilité que le gouvernement Sanchez doit se montrer capable d'assumer. On ne peut donc pas parler d'alliance stratégique, quand on regarde de près l'affaire Ghali et ses ramifications.