Le silence de Pedro Sánchez, président du gouvernement d'Espagne, concernant la présence du chef du «Polisario» à Logroño sous une fausse identité, est «contre-productif à tous points de vue», indique le directeur du magazine espagnol Atalayar, Javier Fernandez Arribas. La tactique de l'autruche, qui consiste à faire l'autruche pour ignorer les problèmes, ne donne généralement pas de bons résultats. Au contraire, elle provoque un processus dégénératif qui aggrave la gravité des faits, indique Javier Fernandez Arribas dans une tribune. «Ce qui se passe dans les relations entre l'Espagne et le Maroc après l'accueil du secrétaire général du «Front Polisario», Brahim Ghali, à l'hôpital San Jorge de Logroño, pour le soigner de son grave état de santé, c'est que le Maroc hausse le ton de ses revendications face au silence du gouvernement de Pedro Sánchez», relève le directeur du magazine espagnol Atalayar. Pour le directeur du magazine espagnol spécialisé dans les affaires du Maghreb, «il ne suffit pas que la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, en voyage en Amérique latine, dise qu'elle n'a rien de nouveau à dire et que les raisons de l'accueil du Ghali sont strictement humanitaires et que le Maroc est un partenaire privilégié». «Ce qui se passe, c'est qu'il ne sera pas aussi privilégié s'il n'est même pas informé d'une décision qui peut être plus ou moins politiquement controversée, surtout compte tenu de l'équilibre historique que l'Espagne essaie de maintenir dans ses relations avec l'Algérie et le Maroc, mais qu'une fois prise, les conséquences doivent être assumées et les explications offertes comme il se doit pour un partenaire qui se considère privilégié et qui est affecté par la décision humanitaire de l'Espagne», a-t-il ajouté. A ce titre, il évoque que depuis que l'hospitalisation de Brahim Ghali en Espagne, plusieurs hypothèses ont été avancées. «De la maladresse de penser qu'une opération de cette importance pouvait être tenue secrète et qu'elle ne durerait que peu de temps (…) Ignorance et maladresse, car le séjour de Ghali à Logroño a été révélé deux jours plus tard». Par ailleurs, Javier Fernandez Arribas fait savoir qu'au sein du gouvernement espagnol, «les discussions sont très vives entre ceux qui rejettent cette décision et ceux qui, peu nombreux, la soutiennent. Une autre hypothèse de haute diplomatie, plutôt improbable, mais qui serait une option intéressante, est que l'Espagne, en prêtant attention au Ghali, aurait des arguments suffisants pour soutenir ensuite la solution marocaine au conflit du Sahara avec une large autonomie sous souveraineté marocaine». «Les déclarations du gouvernement marocain, qui a d'abord déploré puis mis en garde contre de graves conséquences, ainsi que celles de tous les partis politiques du parlement marocain critiquant sévèrement la position espagnole et faisant allusion au fait qu'ils n'ont jamais accordé d'audience aux indépendantistes catalans, font monter la tension et servent l'objectif du Maroc de faire pression sur l'Espagne, au sein de l'ONU, pour qu'elle se joigne aux efforts entrepris après la reconnaissance par l'administration américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Le silence de Sanchez est contre-productif à tous points de vue», a-t-il conclu. Rappelons que le ministère des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué que la décision des autorités espagnoles de ne pas aviser leurs homologues marocaines de la venue du chef des milices du «Polisario» n'est pas une simple omission. Pour le MAE, «il s'agit d'un acte prémédité, d'un choix volontaire et d'une décision souveraine de l'Espagne, dont le Maroc prend pleinement acte. Il en tirera toutes les conséquences», ajoutant que «l'invocation de considérations humanitaires ne saurait justifier cette attitude négative».