Brahim Ghali, «atteint de la Covid et d'un cancer, est hospitalisé à Logroño. Sa présence en Espagne est un faix pour le gouvernement de Pedro Sánchez et son accueil a provoqué des divergences entre la diplomatie espagnole et les autorités locales. Fernando Grande-Marlaska, ministre de l'intérieur, craint la colère de Rabat» dévoile le journaliste Ignacio Cembrero, qui admet que l'hospitalisation du septuagénaire «fragilise les séparatistes». Après des heures d'imbroglio; des sources au sein du gouvernement du socialiste Pedro Sánchez ont avoué que Brahim Ghali, chef des séparatistes du Polisario, «a été transféré en Espagne pour des raisons strictement humanitaires afin de recevoir des soins médicaux», sans autre précision. Selon le journaliste Ignacio Cembrero, collaborateur d'El Confidencial, l'opacité du Front Polisario «lui a joué un tour» après que «les autorités marocaines eurent révélé la maladie de Brahim Ghali et l'endroit où il est reçu». Brahim Ghali, 72 ans, secrétaire général de la junte séparatiste, a été admis dimanche à l'hôpital de San Pedro de Logroño (La Rioja) à la suite de sa récente contamination par la Covid-19. M. Cembrero confirme les informations selon lesquelles Brahim Ghali est «atteint d'un cancer». Selon Jeune Afrique, «une équipe de médecins algériens a accompagné le leader sahraoui à Saragosse, à bord d'un avion médicalisé affrété par la présidence algérienne». Après un long silence, Bachir Mustapha Sayed, un conseiller de Brahim Ghali, a déclaré à l'agence EFE d'Alger que ce dernier «était soigné pour une infection à coronavirus dans un centre médical algérien» mais si «son état de santé n'était pas si grave, Ghali n'aurait pas été transféré dans un avion algérien d'un hôpital d'Alger à celui de Logroño, après une escale à Saragosse», assure M. Cembrero. «La capitale de la Rioja a été choisie pour que la discrétion entourant cette hospitalisation reste entière, mais les services de renseignement marocains étaient au courant de tout» révèle la même source. Au sein du gouvernement espagnol, «il y avait des divergences marquants autour de cette opération. Le ministre de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska a résisté, craignant que cela n'ait des conséquences négatives sur les relations avec le Maroc. Sa collègue des Affaires étrangères, Arancha González Laya, était en revanche favorable, mais a pris la précaution d'en informer Rabat "par courtoisie"». «Cette question n'empêche ni ne perturbe en rien les excellentes relations que l'Espagne entretient avec le Maroc», a commenté le ministre à la presse. «Quelques heures après l'annonce de la nouvelle, l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'homme, basée en Espagne, a demandé à la Cour nationale que Ghali soit empêché de quitter le territoire espagnol pour être convoqué et interrogé sur les graves crimes qui lui sont imputées». Ghali a été convoqué en 2016 par un juge d'instruction, accusé de génocide, meurtre et torture contre des réfugiés de Tindouf. «Si Pedro Sánchez ou tout autre responsable de l'exécutif espagnol avait auparavant donné des garanties aux autorités algériennes que Ghali resterait impuni, il aurait outrepassé ses pouvoirs et envahi ceux de la justice», avait écrit Barlamane.com, cité par El Confidencial. «Une enquête contre Ghali est nécessaire pour restaurer les droits de ses victimes et sauver la démocratie espagnole» a renchéri la même source. «La maladie de Ghali est un revers pour le Polisario», surtout en ces temps où les FAR mettent en échec toutes les opérations de ses milices. Alors que les séparatistes ont «une longue tradition d'opacité en matière d'information, l'Espagne a, pour sa part, une longue tradition d'accueil de personnalités étrangères malades, dont certaines sahraouies, dans ses hôpitaux», dit M. Cembrero. Un chef militaire séparatiste, Addah Al-Bendir, a été tué au début du mois par une frappe de drone dans une zone sahraouie située au nord du territoire. Selon le forum Far-Maroc, Brahim Ghali était à ses côtés et «a survécu» à l'opération marocaine.