L'ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, a assuré ce mardi que dans les relations entre pays il y a des actes qui ont des conséquences, «et il faut les assumer», dans une référence voilée à la décision de l'Espagne de fournir des soins médicaux au chef du FrontPolisario, Brahim Ghali. S'adressant à l'agence de presse privée espagnole Europa Press, avant d'assister à une rencontre avec la ministre des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la coopération, Arancha González Laya, l'ambassadrice du Maroc a insisté sur le fait qu'il y a «des attitudes qui ne peuvent être acceptées». Selon Mme Benyaich, les relations entre pays voisins et amis doivent être fondées sur «une confiance mutuelle, qui doit être travaillée et entretenue». Elle a qualifié d'«inhabituelle» la rapidité avec laquelle elle a été convoquée par les Affaires étrangères et a indiqué qu'elle n'exclut pas que le gouvernement marocain «la convoque pour des consultations dans les prochaines heures». Les propos de l'ambassadrice, Mme Benyaich, sont une allusion claire au cas de Brahim Ghali, combustible de la crise actuelle, et contrastent avec ceux du gouvernement espagnol qui, dans ses déclarations officielles, a jusqu'ici évité d'établir une relation directe entre les deux événements, affirmant que la «crise migratoire» à Sebta «obéit à diverses circonstances qui sont analysées.» Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a qualifié le Maroc, le 18 mai, de «pays partenaire et ami», choisissant de faire appel à à l'esprit de coopération pour résoudre la crise actuelle, toujours fondée sur le respect, y compris dans le domaines frontières. «C'est la base sur laquelle se construit le voisinage entre pays amis», a-t-il affirmé. «Mais la vérité est que la crise migratoire survient en pleine tension diplomatique entre Madrid et Rabat en raison de l'accueil de Ghali, hospitalisé à Logroño pour recevoir un traitement contre le Covid-19 depuis le 20 avril» note Europa Press. L'exécutif a allégué des raisons strictement humanitaires mais les explications n'ont pas satisfait Rabat, qui avait déjà prévenu le 8 mai qu'il en tirerait des «conséquences», d'autant plus dommageables qu'il n'avait pas été notifié à l'avance de la décision d'accueillir Ghali. Mme Benyaich avait déjà été convoquée au ministère des Affaires étrangères en décembre 2020 pour demander des éclaircissements sur les déclarations du chef du gouvernement, Saad-Dine El Otmani, dans lesquelles il a défendu que Sebta et Melilla «sont des territoires marocains comme le Sahara».