La ministre espagnole des Affaires étrangères a justifié l'accueil en Espagne du chef séparatiste accusé de crimes contre l'humanité, Brahim Ghali, et exclu que le désaccord avec Rabat sur ce sujet puisse être à l'origine de l'arrivée lundi de milliers de migrants marocains dans la ville de Sebta. «Il s'agissait, et il s'agit tout simplement, d'une question humanitaire, d'une réponse humanitaire à une demande d'aide humanitaire d'une personne qui se trouvait dans une situation de santé très, très fragile», a déclaré Arancha González Laya dans une interview tard lundi soir à la radio Cadena Ser. «Je ne conçois pas que l'on puisse mettre en danger la vie de mineurs dans la mer comme nous l'avons vu ces dernières heures à Sebta», que cela puisse être «une réponse à une action humanitaire», a-t-elle ajouté. Selon la ministre, des responsables marocains, qu'elle n'a pas nommés, ont «assuré» lundi les autorités espagnoles que cet afflux de migrants dans l'enclave espagnole «(n'était) pas le fruit du désaccord» avec Rabat à propos de la présence en Espagne du leader du Polisario, Brahim Ghali. Les relations entre Rabat et Madrid se sont tendues depuis l'arrivée en Espagne, le 18 avril, du chef séparatiste pour y être soigné de la Covid-19, le Maroc allant jusqu'à convoquer l'ambassadeur espagnol pour lui signifier son «exaspération». Selon les chiffres fournis par le ministère espagnol de l'Intérieur, quelque 6 000 personnes ont pénétré illégalement à Sebta lundi en provenance du Maroc. Environ 1 500 ont déjà été renvoyés au Maroc, a annoncé le ministre espagnol de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska. Face à cet afflux, l'Espagne a renforcé les effectifs de la garde civile et de la police nationale dans la zone avec 200 agents supplémentaires. Les autorités ont également habilité un stade de Sebta pour «y transférer les Marocains adultes qui se trouvent dans la rue en vue de procéder ensuite à leur expulsion», a précisé dans la nuit la préfecture de Sebta.