Dans un article intitulé «Une faveur à l'Algérie empoisonne les relations avec le Maroc», El País retrace le cheminement de l'hospitalisation de Brahim Ghali en Espagne, menée par des concertations souterraines marquées au coin de la faiblesse et de la duplicité. Révélations accablantes pour Madrid, qui s'est perdu dans des discours interminables relatifs à la préparation et l'exécution de ce transfert. L'affaire Brahim Ghali devient un dossier tout à fait impossible d'en prévoir le terme. «C'est le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, qui avait effectué le 29 mars sa première visite officielle à Madrid, qui a adressé la demande d'aide début avril : le chef du Front Polisario Brahim Ghali, était gravement atteint de Covid-19 et en danger de mort, implorant son hospitalisation en Espagne» a dévoilé El País, mardi 11 mai. Selon le journal Jeune Afrique, Brahim Ghali a été hospitalisé d'urgence en Espagne, près de Saragosse, sous un nom d'emprunt algérien. Le Maroc avait convoqué le 24 avril l'ambassadeur espagnol à Rabat pour exprimer son exaspération à la suite à cette démarche. Depuis le déclenchement de cette affaire, Madrid s'est abandonné à une politique de faux-fuyants, de dissimulation et de demi-mesures. «Ce n'est pas par l'habileté, par la prévoyance, par l'esprit de suite dans les affaires extérieures que Madrid a brillé. Il s'est fait plus ou moins le complice d'intrigues et de concessions à un parti hostile au Maroc» avait déclaré des sources proches du dossier à Barlamane.com. «La délicate demande a été analysée au plus haut niveau et, malgré les réticences du ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, elle a reçu le feu vert "pour des raisons strictement humanitaires", selon des sources diplomatiques, et compte tenu du caractère stratégique de relations avec l'Algérie, premier fournisseur de gaz sur le marché espagnol. Certaines sources indiquent que la demande avait déjà été rejetée par l'Allemagne; D'autres suggèrent que l'Algérie ne voulait pas abuser de la générosité de Berlin, le président algérien Abdelmadjid Tebbone ayant passé trois mois sur les six derniers dans un hôpital allemand à se remettre du coronavirus» dévoile le quotidien espagnol. Brahim Ghali, confirme El País, «est arrivé le 18 avril à la base aérienne de Saragosse, à bord d'un avion médicalisé de la présidence algérienne. Il a été récupéré dans une ambulance et emmené avec une escorte de police à l'hôpital de San Pedro de Logroño». Dans le communiqué publié samedi par le ministère marocain des Affaires étrangères Rabat a averti l'Espagne de ne pas «minimiser l'impact grave» de cette crise sur les relations bilatérales et l'a appelée à «tirer toutes les conséquences d'une décision préméditée», prise «derrière le dos d'un partenaire et d'un voisin». Selon des sources gouvernementales espagnoles, la ministre González Laya prévoyait d'informer son homologue marocain, Nasser Bourita, de l'hospitalisation de Brahim Ghali, mais elle a été prise de court. Plus tard, ajoutent ces sources, «González Laya s'est déjà entretenue avec Nasser Bourita et lui a fourni toutes sortes d'explications sur cette démarche, tout comme l'ambassadeur d'Espagne à Rabat, Ricardo Diez-Hotchleitner, à plusieurs reprises.» «La crise n'est pas finie, loin de là. Ghali se remet du coronavirus et le juge du tribunal national Santiago Pedraz l'a cité comme accusé et comparaîtra le 1er juin. Deux affaires sont ouvertes pour des crimes qui auraient été commis contre des dissidents sahraouis dans les camps de réfugiés de Tindouf (Algérie). Ce sera le juge qui, après avoir pris une déposition, décidera d'imposer ou no, des mesures conservatoires. Le ministère des Affaires étrangères espagnol assure que Brahim Ghali a été averti, lorsque son entrée en Espagne a été autorisée, qu'il pouvait être convoqué par le juge, malgré l'absence de mandat de perquisition et d'arrêt contre lui» conclut El País.