Avec plus de 1 000 cas par jour ces dernières semaines, les hôpitaux tunisiens peinent à gérer l'afflux de patients. Les autorités tunisiennes ont décrété jeudi de nouvelles mesures restrictives, afin de lutter contre une recrudescence de l'épidémie de nouveau coronavirus. Le Premier ministre, Hichem Mechichi, a appelé dans un communiqué «tous les gouverneurs (de régions) à annoncer un couvre-feu de 19 heures à 4 heures du matin du lundi au vendredi et de 18 heures à 4 heures du matin le week-end», sans préciser la durée de cette mesure. Hichem Mechichi a également annoncé l'interdiction des déplacements entre gouvernorats, sauf pour raisons professionnelles et cas exceptionnels. Les écoles seront fermées jusqu'au 8 novembre, et les cours à distance instaurés pendant deux semaines pour les universités. Rassemblements de plus de quatre personnes interdits La Tunisie, pays de 11 millions d'habitants, a officiellement enregistré plus de 1.000 cas par jour ces dernières semaines, alors que les hôpitaux sont à la peine pour gérer l'afflux de patients. Au total, 54 278 cas ont été officiellement recensés, dont 1 153 décès. Les cafés et restaurants seront fermés à partir de 15 heures GMT et toutes les manifestations seront interdites pendant deux semaines. De plus, les rassemblements de plus de quatre personnes seront interdits dans les lieux publics, à l'exception des transports, et l'accès aux lieux de culte est suspendu pour deux semaines. Mesures «inéluctables» Ilyes Jlassi, un chômeur de 23 ans, a jugé ces nouvelles mesures «inéluctables». «Mais mon espoir d'avoir un emploi est presque réduit à néant étant donné la situation économique.» «Les décisions sur le couvre-feu nocturne vont encore augmenter nos pertes», a affirmé Abed Kader, 63 ans, propriétaire d'un bureau de tabac à Tunis. La plupart des restrictions avaient été levées après une première vague au printemps ayant fait une cinquantaine de morts. Mais le nombre d'infections est monté en flèche, tout comme les décès. 350 lits de réanimation supplémentaires La situation épidémiologique est «très dangereuse», a déclaré le chef du Centre national des maladies nouvelles et émergentes, Nassaf Ben Alia. Le ministère de la Santé a indiqué avoir fourni 350 lits de réanimation supplémentaires depuis le début de l'épidémie et tente de porter ce nombre à 1 000 d'ici fin octobre. En Algérie voisine, la tendance est également à la hausse. Le Premier ministre Abdelaziz Djerad a déploré un «relâchement» de la population dans le respect des mesures. Alors que plus de 57 000 cas dont près de 2 000 décès ont été officiellement recensés, le chef de l'Etat Abdelmadjid Tebboune a été hospitalisé mercredi en Allemagne pour des «examens médicaux», selon la présidence. L'état d'urgence sanitaire prolongé jusqu'au 10 novembre Samedi, elle avait fait savoir que Abdelmadjid Tebboune s'était mis «volontairement» à l'isolement après la possible contamination par le nouveau coronavirus de hauts responsables. Les mesures de confinement avaient été assouplies le 30 septembre, mais l'interdiction des rassemblements est maintenue. Le Maroc connaît lui un niveau inédit de contaminations – parfois plus de 4 000 nouvelles infections au quotidien ces derniers jours —, et le nombre de décès s'est sensiblement accéléré, avec désormais plus de 3 000 morts. Des restrictions de déplacements entre grandes villes sont en place depuis fin juillet, et Casablanca, agglomération la plus touchée, est sous couvre-feu nocturne. L'état d'urgence sanitaire a été prolongé jusqu'au 10 novembre.