On appela « dahirium tremens » l'emballement de la machine administrative créée par Lyautey, vers la fin de son règne marocain. Les dahirs se suivaient, s'empilant, se renforçant, cohérents et articulés, mais s'annulant et se neutralisant (...)
L'heure est-elle venue de repenser un espace politique francophone mondial ? De se débarrasser de la France-Afrique sans détruire un héritage historique potentiellement avantageux dans la concurrence mondiale qui se profile ? Une courte histoire (...)
Le lien entre répression sexuelle et répression politique peut sembler lointain ou artificiel. La logique qui associe répression sexuelle et politique et, partant, libération sexuelle et politique, est pourtant transparente, transparente mais (...)
Les réactions provoquées par le zoom intitulé « Et si le Maroc n'avait pas été colonisé ? » furent singulièrement éclairantes. Elles étaient, non pas contrastées, mais strictement symétriques, aux deux bouts d'un même spectre : il y avait ceux qui (...)
On dit des chiens qu'ils ressemblent à leur maître. Soit que ce dernier les choisisse en fonction d'une similitude inconsciente entre les deux caractères, soit, plus probablement, que le chien, animal placide et volontaire, s'adapte à la psychologie (...)
« Je parle espagnol à l'église, français avec les dames, et allemand aux écuries ». On prête à Charles Quint, le souverain d'un empire couvrant tous les fuseaux horaires – qu'on me permette cet anachronisme – ces propos exemplaires. Exemplaires de (...)
La mise en situation imaginaire d'un dispositif technique – un avion, une centrale nucléaire...- pour simuler un accident, une surcharge, une condition atmosphérique exceptionnelle, permet non seulement des anticipations, mais également une (...)
Dans le premier spectacle de Gad Elmaleh, à la fin des années 1990, une des personnages, Mme Tazi, explique à son interlocutrice, éberluée, que son fils et « Abderrazaq el Merhaoui », « c'est pas la même chose ». Il faut être Marocain pour (...)
Le ministre marocain des Affaires étrangères en Algérie, le président tunisien au Maroc : consacrer ses premiers déplacements internationaux à ses voisins n'est pas inhabituel, mais pas au Maghreb, pas ces deux dernières décennies. La chose est (...)
Le Sahara fut toujours un conservatoire de formes de vie éteintes ailleurs, et des niches écologiques y existent, abritant des espèces disparues. Le vent de mutations politiques que connaît le monde arabe depuis plusieurs mois aurait pu le (...)
Providence, complot et paranoïa
Omar Saghi Politologue et écrivain, enseignant-chercheur à Sciences Po Paris www.omarsaghi.com
Au XVIIe siècle, Bossuet enseigne au dauphin du trône de France l'Histoire de l'humanité. Il en tire son discours (...)
Un spectre hante l'Europe, le spectre du communisme…» Vous connaissez la suite. Les premières lignes du Manifeste du Parti communiste furent parmi les phrases les plus lues du XXe siècle. Elles disent peu, mais elles le disent bien, et c'est dans la (...)
Vous connaissez Fight Club ? Le roman de Chuck Palahniuk, le film de David Fincher, le personnage de Tyler Durden joué par Brad Pitt ? Si c'est le cas, vous vous souvenez sans doute de cette scène : Tyler Durden, entouré de ses adeptes, dans une (...)
La devise d'un pays est la version sécularisée des talismans et des armoiries. Offrir une identification totémique aux masses nationalistes est l'une de ses fonctions. Et autour du choix lexical, de la tournure des formules, de la hiérarchie des (...)
L'état autoritaire arabe, né dans les années 1950, était structuré autour de la notion d'ennemi. Ses différentes composantes : l'état d'exception permanent, le parti unique, la militarisation de la société, ne pouvaient se maintenir qu'autour de (...)
L'Egypte, comme la Tunisie ou le Yémen, ont refusé la transmission familiale du pouvoir. Des hommes forts, oui, mais pas leur fils. Autre est la situation levantine. Le XXe siècle a vu naître plusieurs dynasties familiales au Liban comme en Syrie. (...)
Il y a quelques années, l'écrivain américain Bruce Benderson écrivit un essai court et incisif dans lequel il liait deux phénomènes : l'appauvrissement de la vie sociale dans les rues des villes américaines, mêmes les plus vivantes, comme New York, (...)
« Boustrophédon » est un mot compliqué pour désigner une réalité tortueuse : les écritures qui se tracent inversement depuis la droite ou la gauche. Ou plus exactement, celles qui, arrivées au bout d'une ligne, reprennent à la ligne suivante, depuis (...)
Il y a quelques semaines, un incendie accidentel détruisait l'Institut d'Egypte, au Caire. Les débris d'archives flottèrent longtemps dans les rues enfumées par les flammes et les gaz lacrymogènes, comme des oiseaux de mauvais augure. On tenta de (...)
Toute police a son idéologie implicite. Au Maroc, deux visions se sont succédées au ministère de l'Intérieur depuis la fin de la décennie 1970 : celle des intendants du roi, véritables mamelouks que le pouvoir central envoyait briser ou, s'ils ne (...)
On dit que les catastrophes actuelles réveillent les vieux traumatismes. Ce qui est vrai pour un individu l'est sans doute pour des collectivités. Les chutes successives de plusieurs régimes arabes, si elles ne sont pas à proprement parler des (...)
En septembre 994, une ambassade marocaine se présenta devant le maître de la Péninsule ibérique, le chambellan Ibn Abi Amir al Mansour. Elle lui était envoyée par son allié Ziri ibn Atiya, dit « al fartas », le teigneux, chef des Maghrawa. Parmi les (...)
Le Marocain, qui est sujet du roi, est asservi ; le Cubain ou le Nord-Coréen, qui sont citoyens de leur République, sont libres. Cette opposition sujet-citoyen, abstraite et érudite ailleurs, concerne les Marocains au premier chef. Toute une (...)
Vues depuis Paris, la vitesse et la radicalité des changements sur la rive méridionale de la Méditerranée font irrésistiblement penser à la chute du mur de Berlin, autre révolution démocratique survenue sur une bordure de l'Union européenne.
En se (...)
Au Xe siècle, un biographe andalou, Ibn al Faradi, mentionne dans ses notices d'hommes illustres un tiers d'Arabes, le reste étant composé de Berbères et de convertis. Deux siècles plus tard, dans le même exercice, chez Ibn al Abbar, on note deux (...)