Les couleurs du ciel du mardi 4 mars    Justice. Le Tribunal de première instance pénal de Casablanca casse des fake news    Gabon/Présidentielle 2025 : Brice Clotaire Oligui Nguema officialise sa candidature    Partenariat : Le Maroc et l'Albanie veulent développer leur coopération industrielle    Casablanca : Quatre personnes poursuivies en état d'arrestation et une fille déférée    L'Espagnol Cox affiche une forte progression de en 2024 grâce à ses activités au Maroc    Maroc : Fitch Solutions prévoit une croissance de 5%    Maroc : la facture énergétique diminue de 11,6% en janvier, selon l'Office des changes    Echos des souks des Doukkala, après l'annulation du rituel de l'Aïd Al Adha    HPS: 1,25 MMDH de revenus consolidés en 2024, en hausse de 5,4%    Bank of Africa s'engage en faveur des enseignants retraités    Armement : Les FAR réceptionnent les premiers hélicoptères Apache venus des Etats-Unis    Le Maroc cherche à acquérir deux sous-marins modernes au milieu d'une concurrence franco-allemande    Le ministre des Affaires étrangères espagnol : Le Maroc est un partenaire fiable pour relever de grands défis, et notre partenariat avec lui est stratégique    Une quarantaine de pays réaffirment à Genève leur soutien à la souveraineté du Maroc sur son Sahara    Pour accompagner sa production marocaine, le Chinois Sentury Tire inaugure un siège nord-américain XXL    Moroccan activist Fouad Abdelmoumni sentenced to 6 months for Macron visit remarks    Opération "Ramadan 1446": Recours pour la première fois aux données socio-économiques des ménages enregistrés au RSU    Alerta meteorológica: nevadas y fuertes lluvias en varias provincias de Marruecos    Maroc : Fouad Abdelmoumni condamné à 6 mois de prison ferme    Ramadan-Télé : Les chaînes nationales dominent le prime time    Cercles vicieux, plumes audacieuses : Serghini et Labied au corps à corps    Langues : Le Maroc, pays où l'on apprend le plus l'espagnol    Marruecos: Gobierno bajo presión por apoyo a ganaderos antes del Aid    Le chef de la diplomatie kazakhe Murat Nurtleu tisse de nouveaux partenariats économiques à Rabat    Présidentielle au Gabon. La course aux candidatures est lancée    L'Afrique a besoin d'investissements (Heineken Lokpobiri)    Nigeria. Croissance accélérée mais en deça des attentes    Tennis. Le Maroc brille en Afrique    Plus de 45 000 participants au Marathon de Tel-Aviv, présence marocaine remarquée    FIFA - IFAB : Des amendements aux Lois du Jeu applicables des le 1er juillet prochain    Olivier. Des rendements en hausse avec Al Moutmir    Le Sénégal prépare son adhésion aux banques régionales    Zone euro : L'inflation baisse à 2,4% en février    BYD et DJI lancent un système de drone intégré aux véhicules [Vidéo]    Dialogue social : Saint-Gobain et l'UNTM renouvellent la convention collective    Université Al-Qods : L'Agence Bayt Mal Al-Qods lance la Chaire des études marocaines    Entre le Maroc et la Belgique, Chemsdine Talbi a fait son choix    FIFAGate : Sepp Blatter et Michel Platini à nouveau devant la justice suisse    Du quartz découvert pour la première fois sur Mars attestant d'« anciennes circulations d'eau sur la planète rouge »    PSG : Achraf Hakimi est-il actuellement le meilleur joueur de Ligue 1?    Dossier : Comment concilier Ramadan et sport ?    Botola DII.J19: Le KACM décolle, le RCAZ sombre !    Paris va présenter à Alger une liste de « plusieurs centaines de personnes » aux profils « dangereux »    Edito. En toute humilité…    Culture : Akhannouch inaugure le Musée de la reconstruction d'Agadir    Oscars : "Anora" meilleur film, et Adrien Brody meilleur acteur pour la deuxième fois    Musique : Le Ramadan des Instituts français    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Adieu Bonaparte…
Publié dans Le Soir Echos le 09 - 01 - 2012

Il y a quelques semaines, un incendie accidentel détruisait l'Institut d'Egypte, au Caire. Les débris d'archives flottèrent longtemps dans les rues enfumées par les flammes et les gaz lacrymogènes, comme des oiseaux de mauvais augure. On tenta de sauver quelques papiers, quelques documents mutilés, mais vainement, comme on recueillerait des morceaux d'ailes brisées. Une époque s'achève.
Très longtemps après l'évanouissement du vertige bonapartiste en Europe, le Moyen-Orient continuera à subir la prégnance de ce symbole d'une modernité particulière, mêlant idées nouvelles et violence.
Bonaparte en Egypte
La Révolution française eut un effet décisif sur le devenir politique de l'Europe continental. Les faits sont connus : les guerres menés par la jeune République contre les coalitions monarchiques, en Italie, en Rhénanie, dans les Flandres, puis jusqu'en Russie avec Napoléon, contribuèrent à l'exportation des nouvelles idées. Mais les semailles ne furent pas univoques. Beaucoup d'historiens de l'Europe centrale soulignèrent ce paradoxe : les idées d'émancipation furent exportées par une armée d'occupation. La difficulté de l'Europe centrale à se démocratiser et l'avenir qu'elle procura au nationalisme autoritaire y trouvent leur origine. Ce paradoxe – la démocratie exportée par la guerre –, le monde arabe,et l'Egypte, surtout, le connut précocement : en 1798, un jeune général de la France révolutionnaire prit le contrôle du pays. Pour quelque temps, Bonaparte expérimenta une politique nouvelle, qu'on n'appelait pas encore colonisation : modernisation des villes, création d'écoles et de dispensaires, fouilles archéologiques et revalorisation du patrimoine… Vaincus par une intervention britannique, les Français se retirèrent, et Napoléon alla chercher en Europe une gloire qui s'était dérobée en Orient. Mais l'expédition laissa quelques traces indélébiles. L'Institut d'Egypte en fit partie. Mohammed-Ali aussi. Ce dernier, qui prit le pouvoir en Egypte au nom d'Istanbul, après le départ des Français, est la conséquence directe de l'expédition de Bonaparte, comme l'Institut d'Egypte ou la pierre de Rosette. Tout dans son parcours renvoie à l'épopée de Napoléon, et la possibilité même de ses succès militaires, de sa modernisation du pays à marche forcée était conditionnée par le soutien de la France et des vétérans des armées napoléoniennes, mis au chômage par le Congrès de Vienne et partis se refaire une vie sur les bords du Nil.
Omar Saghi Politologue et écrivain, enseignant-chercheur à Sciences Po Paris www.omarsaghi.com
Moderniser sans démocratiser
Moderniser sans démocratiser
Mohammed-Ali était illettré, il fut d'abord cultivateur de tabac en Macédoine, il ne parlait pas arabe et s'intéressait très peu à la pensée et au savoir théorique. Cependant, il comprit vite et bien que désormais la rationalité et l'efficacité technique primaient sur le reste. Il envoya les premières missions d'étudiants en Europe et multiplia les écoles et les casernes. Par contre, jamais il ne chercha à libéraliser politiquement son régime, et de l'Europe il prit tout sauf peut-être l'essentiel, la démocratie. Des réalisations de l'Albanais, l'essentiel – procurer au Moyen-Orient une indépendance géopolitique – échoua, mais la figure du modernisateur autoritaire qu'il légua hanta la région jusqu'à récemment. L'idée qu'il se faisait de la puissance d'un pays, la modernisation sociale mue par le seul intérêt militaire, la fragilité de ce type de modernisation, tous ces éléments se retrouveront, par morceaux ou en totalité, chez Atatürk et Reza Khan, Nasser et Saddam, Kadhafi et Assad. Et très longtemps après l'évanouissement du vertige bonapartiste en Europe, le Moyen-Orient continuera à subir la prégnance de ce symbole d'une modernité particulière, mêlant idées nouvelles et violence. Dans son film Adieu Bonaparte, Youssef Chahine dénigre la figure du petit Corse irascible en mettant en relief le personnage du général Caffarelli, plus porté à comprendre qu'à dominer. Cependant, c'est Napoléon Bonaparte qui marqua Mohammed-Ali, et c'est Mohammed-Ali qui légua à l'histoire qui allait suivre cet horizon morbide : moderniser par la guerre et la dictature. L'incendie de l'Institut d'Egypte est une catastrophe culturelle. On peut souhaiter que le bâtiment soit restauré, que son rôle soit revalorisé. Cependant, quelque chose de ce qu'il a représenté est définitivement morte le jour où, à quelques centaines de mètres de là, les foules de la place Tahrir apprirent le départ de Moubarak : la fin du vertige bonapartiste chez les
Arabes.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.