Le PLF 2013 (projet de loi de Finances) fait déjà des mécontents. Les producteurs du sable sont, en effet, montés au créneau ces derniers jours pour contester une disposition introduite par le gouvernement Benkirane. A l'origine de cette levée de boucliers, l'article 14 du PLF qui prévoit une taxe sur le sable. «Il est prévu de créer une taxe sur la vente du sable. Le versement de cette taxe sera assuré par les détenteurs des autorisations d'exploitation des carrières et de production du sable calculé sur la base de 30 DH/t. Le produit de cette taxe qui sera de l'ordre de 900 MDH calculée sur la base d'une consommation de 30 millions de tonnes est destiné à renforcer les ressources du fonds spécial routier», lit-on dans la note de présentation du projet de loi. Or, les professionnels dénoncent ce qu'ils qualifient d'amalgame entre tous les opérateurs du secteur. «Il n'y a pas lieu de faire d'amalgame parce qu'il y a plusieurs types de carrières et plusieurs types de matériaux avec des origines diverses. Or, l'article 14 du PLF prête à confusion en mêlant les détenteurs des autorisations d'exploitation des carrières et les producteurs du sable sans aucune précision», déclare Othmane Mernissi, président de l'Association professionnelle marocaine des producteurs de granulats. Et de poursuivre : «Il faut savoir que le sable issu du dragage et du concassage nécessite des moyens importants alors que des carrières exploitant le sable des dunes ont des dépenses quasi insignifiantes». La tension est telle que le spectre d'une grève plane sur le secteur. Ce dernier est dominé par le sable issu des carrières dunaires alors que le sable provenant du concassage ou du dragage ne représente que 20% dans le meilleur des cas. Le hic, c'est que les coûts de production et surtout les bénéfices ne sont pas du tout les mêmes. «Les carrières dunaires ont un prix de revient entre 12 et 15 dirhams le mètre cube, soit un coût de revient quasi insignifiant pour un prix de vente allant jusqu'à 130 dirhams. Pour sa part, le sable produit à partir du concassage revient à un prix estimé entre 55 à 65 DH et son prix de vente est de 70 à 80 DH. Le sable de dragage nécessite, quant à lui, un investissement important. Son coût de production oscille entre 50 et 62 DH pour un prix de vente de 70 à 85 DH», explique M. Mernissi. Ce dernier craigne que les nouvelles mesures de la loi de Finances ne mettent à genoux un secteur qui fait déjà face à une concurrence farouche et déloyale de l'informel. Il dénonce également une probable surtaxation. «Le projet de loi sur les carrières prévoit également une disposition de paiement d'une redevance. De plus, une autre taxe est à l'étude cette fois-ci par le ministère de l'habitat. Si nous répercutons toutes ces dispositions et les surcoûts induits par les contraintes de la nouvelles loi sur les carrières, il faudra envisager un prix au mètre cube de l'ordre de 250 à 300 DH à l'horizon 2015», conclut M. Mernissi. L'heure est donc à la mobilisation générale. Un appel a déjà été lancé pour la tenue d'une assemblée générale nationale réunissant les professionnels juste après l'Aïd El Kébir afin d'établir un plan d'action visant à maintenir la vigilance et informer l'ensemble des professionnels sur les diverses dispositions contenues à la fois dans le projet de loi de Finances et celui sur les carrières.