Le ministre des Télécommunications, Rachid Talbi Alami, a déclaré devant le Parlement que les opérateurs pratiquent un déploiement géographique sélectif de leurs réseaux GSM. Une loi est en cours d'élaboration pour les astreindre à couvrir la totalité du territoire. Il ne fait pas de doute qu'en matière des télécoms, le Maroc est un cas d'école. La croissance spectaculaire des services mobiles en si peu d'années en témoigne. Les perspectives sont encore plus prometteuses, particulièrement avec l'autorisation récente des opérateurs de VSAT, de la mise en route d'une troisième licence GSM ainsi que le plan supplémentaire de privatisation de Maroc Telecom. Sauf que la croissance du mobile, aussi forte soit-elle, ne semble pas profiter à tous les Marocains. Dans les campagnes qui abritent, encore faut-il le rappeler, la moitié de la population, le réseau GSM n'est pas toujours au rendez-vous. Ce constat, c'est le ministre des Télécommunications, Rachid Talbi Alami qui vient de le dresser devant le Parlement. «Les opérateurs pratiquent un déploiement géographique sélectif», a affirmé le responsable gouvernemental. Une déclaration qui jette la lumière sur une réalité souvent occultée : le GSM n'est pas suffisamment déployé partout au Maroc. Et peu d'études permettent de disposer de données chiffrées sur cette question. L'année dernière, un rapport sur les opportunités du marché rural des Technologies d'Information et de Communication TIC, élaboré par Intelecon, un centre de recherche basé au Canada, stigmatise la frilosité des opérateurs télécoms nationaux quant à l'élargissement de leurs couvertures du réseau GSM dans les zones rurales. On estime qu'au Maroc, environ 15% de la population rurale n'est pas encore couvert par un réseau de GSM. «Ni MediTelecom ni Maroc Telecom n'ont encouragé le déploiement des téléphones payables ruraux en utilisant leur réseau de GSM», estiment les auteurs du rapport. Cette insuffisance s'explique par plusieurs considérations. L'étude met en relief la frénésie de la concurrence entre les deux opérateurs pour disputer les parts du marché urbain, ce qui les pousse probablement à ne pas s'occuper suffisamment des zones rurales. En tous les cas, l'autorité gouvernementale compte remédier à cet état de fait. Le ministre de tutelle vient de mettre en route, en concertation avec les acteurs concernés, la mouture d'un nouveau texte qui vient compléter l'ancienne loi 24-96. Ce texte, pour rappel, exige des opérateurs télécoms une contribution de 7% de leur chiffre d'affaires, qui va vers une série de fonds destiné à la recherche scientifique et à la couverture généralisé du réseau GSM. Mais cette disposition n'a jamais été respectée, et les opérateurs se contentaient juste de verser le 1% orienté vers le segment de la recherche scientifique. L'objectif de la nouvelle mesure est justement de réactiver la couverture du service universel en fonction d'un plan d'aménagement du territoire pré-établi. Les opérateurs doivent se conformer à ce plan, sous peine du reversement de 2% au Trésor général en cas de non exécution. Pour situer les contours de ce plan de couverture, un comité de travail sera mis en place pour fixer l'étendu des zones à couvrir. Dispose t-on pour autant d'une idée précise sur l'étendu des zones non couvertes par le réseau GSM ? Pour le moment, aucune carte officielle ne l'établit clairement. Seuls les deux opérateurs maîtrisent cet aspect.