Les participants au workshop de l'ESCA sur la Constitution se sont accordés pour affirmer que la conjoncture nécessite le renforcement des mécanismes de la bonne gouvernance et l'instauration des bonnes pratiques pour accompagner le chantier de la réforme. Les économistes participent au débat sur le processus de réforme constitutionnelle au Maroc. Fidèle à leur vocation, ils tentent de mesurer l'impact de cette réforme sur la croissance économique du pays. A l'occasion d'un workshop organisé, mardi 24 mai, par l'Ecole de management (ESCA) de Casablanca, un panel d'économistes se sont attelés à examiner la dialectique entre les réformes de la Constitution et le développement économique. Lors de cette rencontre-débat, tenue sous le thème «La réforme de la Constitution peut-elle constituer un levier de l'avantage compétitif de la nation ?», les participants se sont accordés pour affirmer que la conjoncture nécessite le renforcement des mécanismes de la bonne gouvernance et l'instauration des bonnes pratiques en matière économique pour accompagner le chantier de la réforme. «Il faut travailler la relation entre la Constitution et la régionalisation. Il faut un changement des institutions, une gouvernance adéquate, de la transparence et de l'égalité», indique l'économiste Driss Benali. Et d'ajouter que «la gouvernance n'est pas aujourd'hui suffisante. Si les institutions doivent changer, il est essentiel d'avoir un contrôle permanent de ces institutions». Intervenant dans le même cadre, Georges Couffignal, professeur de sciences politiques et directeur de l'Institut des hautes études de l'Amérique Latine, a indiqué que la réforme constitutionnelle ne peut pas atteindre son objectif qu'à travers la consécration du principe de la liberté d'entreprendre. «L'urgence d'une classe moyenne plus formée se fait sentir. La première chose que demande cette classe c'est de jouir d'une série de droits garantis par les Constitutions démocratiques. Dans ce sens, la liberté d'entreprendre accompagne la liberté de penser et d'expression», a noté M. Couffignal. Pour sa part, Najy Benhassine, expert principal de la Banque mondiale en charge du secteur privé, a souligné que «les résultats des travaux du dernier rapport publié de la Banque mondiale montrent que la réforme entreprise dans plusieurs pays du monde n'a pas donné autant d'impact sur la croissance économique». Il a appelé, dans ce sens, à mettre en place des mesures d'accompagnement de la réforme intéressant le renforcement de la gouvernance économique pour avoir de bons résultats. Rachid Belmokhtar, président de l'Observatoire national pour le développement humain et ancien ministre de l'Education nationale, a mis l'accent sur le fait qu'il faut identifier les véritables problèmes du pays. Selon lui, il existe cinq facteurs principaux. Le premier facteur est l'économie dans sa composante distribution, le deuxième est le savoir en tant que connaissance, éducation, recherche et développement. Le troisième facteur est la santé du citoyen, le quatrième c'est la gouvernance et enfin l'exclusion de certaines catégories de la population comme la femme, les jeunes handicapés et le monde rural. Le président de l'Observatoire national pour le développement humain (ONDH) a noté, aussi, qu'« il y a un manque de gouvernance et il faut renforcer la décentralisation qui constitue un véritable champ politique et décisionnel. La Constitution peut toucher l'ensemble. Il faut surtout un changement des comportements humains». « Au Maroc, il n'existe pas de classe moyenne mais des couches moyennes. Il faut renforcer la liberté d'entreprendre. Il s'agit d'une nécessité. La Constitution américaine assure la liberté d'entreprendre, c'est-à-dire tout ce qui concerne la propriété intellectuelle et tout ce qui est créativité et de valeur», a conclu M. Belmokhtar.