Elle était mineure et elle avait l'intention de se marier avec un père de famille, âgé de vingt-huit ans. Seulement, elle s'est retrouvée victime d'attentat à la pudeur. Mouna est encore mineure à son seizième printemps. Et pourtant elle se retrouve entre l'enclume d'une promesse de mariage, le marteau d'attentat à la pudeur et les rouages de la justice. En fait, elle est victime puisqu'elle est encore loin de choisir son propre sort surtout à propos du mariage. Victime de qui ? De sa famille qui ne pensait qu'à la marier au premier venu bien qu'elle est mineure et poursuit encore ses études ? Du jeune père de famille, Abdessamie, qui cherchait à avoir une deuxième épouse, sa cadette de treize ans? Elle ne sait pas au juste à qui elle doit incomber son mauvais sort. Maintenant, elle sait deux choses : la première est que sa vie n'est plus celle d'une adolescente qui doit rêver d'un avenir en rose et la seconde est qu'elle doit assister, le mardi 22 février, à 9 h du matin, à l'audience, que consacre la chambre criminelle, deuxième degré, près la Cour d'appel d'Oujda au réexamen de son affaire. C'était le mercredi 5 janvier, quand la même Cour a examiné cette affaire, en premier degré. «Abdessamie qui demeure non loin de chez moi était, depuis sept ans, un ami de ma famille. Il nous rend visite à chaque fois au point qu'il est devenu comme un membre de la famille», a entamé Mouna ses déclarations à la Cour. Quatre ans plus tard, en 2008, il a osé lui exprimer son amour. Elle n'avait que treize ans. Alors qu'il avait vingt-sept ans et père d'un enfant. «Il m'a exprimé son amour et il m'a demandé en mariage. En effet, nos deux familles ont célébré, en 2009, les fiançailles en attendant que j'atteigne l'âge de mariage », a-t-elle précisé à la Cour. Qu'est-ce qui lui est arrivé ensuite ? Elle était chez elle quand elle a entendu des coups à la porte. Elle l'a ouverte. Et c'était Abdessamie. Il est rentré bien que personne, sauf elle, ne fut à la maison. «Il m'a obligée à me dévêtir et il a abusé de moi. J'ai vu quelques gouttes de sang qui coulaient entre mes cuisses», a-t-elle affirmé devant la Cour. Au contraire, Abdessamie qui a comparu en état d'arrestation a tout nié. «Je suis au courant qu'elle est encore mineure. Mais, je ne l'ai ni dépucelée ni abusé d'elle. Nous n'étions jamais seuls, sans la présence de sa famille», a-t-il précisé. Parce que sa première femme était malade, il a demandé, selon ses déclarations devant la Cour, Mouna en mariage. «Ses parents ont accepté. Nous avons organisé une petite fête de fiançailles. Seulement, au fil du temps, j'ai remarqué que sa mère était autoritaire et dirigeait sa fille. Du coup, j'ai décidé de rompre ma relation avec elle», a-t-il affirmé. A-t-il raison ou tort ? Dans les deux cas, Mouna est la grande perdante. Son avocat a expliqué que toutes les preuves mettent en cause Abdessamie. De sa part, le représentant du ministère public a requis de le juger coupable pour attentat à la pudeur avec violence entraînant défloration. Au contraire, l'avocat de la défense a plaidé non coupable. Car, selon lui, il s'agissait d'un coup monté par la mère de la fille qui n'a pas pu supporter la décision du mis en cause d'abandonner sa fille. Ainsi, a-t-il précisé, le certificat médical a attesté que la fille est encore vierge, mais elle a été blessée dans sa partie intime. Après les délibérations, la Cour a jugé Abdessamie coupable uniquement pour attentat à la pudeur, sans violence, ni défloration et l'a condamné à quatre mois de prison ferme.