Il a décidé de s'opposer aux sentiments de sa fille envers un jeune homme qui travaillait chez lui. Pour cela, il a accusé l'amant de sa fille d'enlèvement et d'attentat à la pudeur… «Il l'a kidnappée et l'a conduite chez lui, elle est en ce moment chez lui». Quand le chef de la brigade de la gendarmerie Royale d'El Jadida a entendu ces propos, il n'a pu attendre la moindre seconde pour réagir. Il a demandé aussitôt à ce père, qui se tenait debout près de lui, de les conduire à la maison du kidnappeur. Les éléments de la gendarmerie sont arrivés à Had Ouled Frej; le père leur a indiqué la porte d'une maison. L'un d'eux a tapé à la porte. Un jeune homme ouvre. «C'est lui, ma fille est encore chez lui…», leur a dit le père. A pas lents et à tête baissée, une fille est sortie. «Mais elle ne manifeste aucun signe de violence contre elle», remarque le chef de la brigade avant de donner ses ordres à ses limiers de les conduire vers le Centre, à El Jadida. «Je l'ai accompagné de mon plein gré», affirme-t-elle. Elle a étonné son père qui est resté bouche bée. Le jeune homme a vingt ans et la fille en a quinze. Ils ont passé tous les deux quelques années à la même école. Quand ils ont redoublé, il s'est retrouvé dans les champs et elle est restée chez elle, près de sa mère.C'était en septembre 2001 quand le hasard a voulu qu'il travaille dans les champs du père de la fille et que ses yeux croisaient ceux de la fille. Depuis, son cœur n'est plus le sien. Il a commencé à compter ses pas jusqu'au jour où il a pu lui exprimer son amour. Elle ne lui a pas répondu. La timidité lui a cousu la bouche. Seulement, elle a commencé, elle aussi, à saisir n'importe quelle occasion pour le rencontrer dans les champs. Les mauvaises langues ont informé son père. Hors de lui, ce dernier a malmené sa fille et a chassé le jeune homme de ses champs. Et pourtant, ce dernier n'a pas cessé de faire son possible afin de la rencontrer. «Vous devez parler à ton fils pour s'éloigner de ma fille ou bien je vais alerter les gendarmes…», se plaint le père auprès de la famille du jeune homme. Le jeune homme a cessé de la chercher pour quelques jours. Mais son amour à elle était plus fort. Lundi 28 octobre 2002, dans l'après-midi, il a décidé de revoir celle qu'il aime. Quand elle l'a remarqué, elle est sortie pour le rencontrer, pour lui parler, pour l'embrasser. Elle l'aime également. Il lui a demandé de le suivre. Elle était comme une aveugle. Elle l'a suivi jusqu'à sa demeure. Il y est rentré et elle l'a suivi sans demander des explications. Personne n'etait à la maison. Ils se sont plongés dans un profond rêve ; des propos, des embrassades et… les tac-tac les ont réveillés. Il a ouvert la porte pour se trouver devant les gendarmes. Un certificat médical a attesté qu'elle n'est plus vierge. Le jeune homme a été conduit devant la Chambre criminelle près la Cour d'appel d'El Jadida et est poursuivi pour attentat à la pudeur sur une mineure. «C'est son père qui ne voulait pas qu'on se marie», déclare le jeune homme à la Cour. «Mais personne de sa famille ne l'a demandée au mariage», répond le père. Alors que la fille a affirmé sur un ton timide: «oui je veux me marier avec lui». Un délai a été accordé par la Cour pour contracter l'acte de mariage. Lundi 17 décembre 2002, l'acte de mariage est entre les mains de la Cour. Et pourtant, elle a jugé le jeune homme coupable et l'a condamné, en le bénéficiant des circonstances atténuantes, à deux ans de prison avec sursis. Depuis deux mois, le jeune homme et la fille vivent sous le même toit.