Pour dissimuler que sa fille mineure est enceinte, une mère décide de l'éloigner de chez elle et de déclarer à la police qu'elle a été kidnappée. Sanaa, seize ans a été enlevée, le vendredi 7 février 2003, dans des circonstances indéterminées. C'est le résumé de la plainte déposée par la famille de cette mineure à Khénifra. Qui l'a kidnappée? Pour quelles raisons et dans quelles circonstances ? Sa mère qui pleurait devant les enquêteurs a déclaré que Sanaa était une fille qui ne quitte la maison que pour faire des courses, bien éduquée au point qu'elle n'entretenait pas beaucoup de relations amicales. Elle se contentait de passer son temps chez elle et à aider sa mère. Les enquêteurs n'ont mis la main sur aucun indice leur permettant de tirer l'affaire au clair. Les jours, les semaines et les mois passent sans la moindre information sur Sanaa. Elle n'a plus donné signe de vie. Son père ne cesse d'aller chez les enquêteurs pour savoir s'ils ont des nouvelles sur sa fille, s'ils ont mis la main sur le bout d'un fil les emmenant à elle et à ses kidnappeurs. Mais en vain. Il retourne à chaque fois désespéré, les larmes aux yeux. Une fois qu'il rentre chez lui sans nouvelle, sa femme également fond en larmes. Dix mois plus tard, Sanaa réapparaît. Elle rejoint ses parents comme si rien ne s'est passé. Où était-elle ? Où elle a passé ces dix mois ? Etait-elle vraiment kidnappée ? Etait-elle violée ? Qui l'a enlevée ? Son père lui a martelé la tête par un tas de questions. Sa mère ? Elle se contente à l'embrasser de temps en temps, sans lui adresser la moindre interrogation. Ils doivent alerter les enquêteurs de la police judiciaire de la réapparition de Sanaa afin qu'ils classent le dossier. La mère l'a emmenée d'abord chez un médecin pour lui rédiger un certificat médical attestant qu'elle est encore vierge. Menues de ce document, Sanaa et sa mère se dirigent vers les enquêteurs, livre le certificat médical au chef de la brigade. La fille ne présente aucune trace de violence corporelle ni des traces de viol, lit le chef de la brigade avant qu'il lance un regard vers Sanaa et sa mère. Ces dernières attendent sa réponse. Il leur demande de partir pour revenir le lendemain. Le chef de la brigade a alerté le procureur du Roi. Ce dernier leur a donné ses instructions pour ouvrir une enquête minutieuse. Il semble ne pas être convaincu par la thèse d'enlèvement sans être violée et violentée et sa réapparition dix mois plus tard. Le lendemain, Sanaa et sa mère arrivent au commissariat. La fille doit être soumise à une contre-visite médicale, leur affirme le chef de la brigade. Et c'est la surprise. La contre-visite révèle un nouveau résultat : Sanaa n'est plus vierge depuis plusieurs mois, elle était enceinte et elle avait accouché d'un nouveau-né. Le chef de la brigade demande aussitôt à la mère si elle ignore que sa fille avait un enfant. La mère se contente de baisser la tête. En réalité, elle est au courant. Pourquoi a-t-elle caché cette réalité ? Pourquoi a-t-elle menti ? Sanaa commence à relater son vrai histoire en quelques minutes. Elle avait une relation amoureuse avec un jeune homme avec lequel elle partageait de temps en temps le même lit. De fil en aiguille, elle est tombée enceinte. Que doit-elle faire ? Elle ne sait rien. Sanaa s'est adressée à sa mère, lui a confié son secret. Pour dissimuler la mauvaise nouvelle à son époux, la mère a fini par lui demander d'aller chez une ancienne amie à elle à Guercif. D'un mois à l'autre, Sanaa a accouché d'un nouveau-née de sexe féminin qu'elle a confié à l'amie de sa mère. Cette dernière, sa fille, Sanaa, son amant et la femme qui l'a gardée chez elle ont été traduits devant la justice à Khénifra poursuivi pour attentat à la pudeur ayant entraîné défloration et accouchement, non dénonciation, négligence d'un nouveau-née et outrage à la police judiciaire en lui faisant des fausses déclarations.