À son dixième printemps, elle est déjà bonne à tout faire. Le jour, elle fait tout ce que ses employeurs lui demandent. La nuit, elle cède à leur fils, âgé de dix-sept ans. Elle a enduré pendant toutes sa dizaine d'années le calvaire. Certes, sa mère qui a mis au monde ses trois sœurs et trois frères n'a jamais vécu une seconde d'aisance. Quand elle était à son seizième printemps, celle-ci s'est mariée. Mais son mariage n'a pas duré plus de deux ans pour être répudiée avec un enfant entre les bras. Comme domestique, elle a travaillé chez quelques familles et ce, pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de son unique enfant. C'était une vie sombre et insupportable. Entre-temps, elle a rencontré un homme, son aîné de trente-cinq ans. Celui-ci lui a proposé le mariage. Elle a cru qu'il allait la sauver des aléas de la vie. Malheureusement, le destin semblait lui tourner toujours le dos. Puisque l'homme avec qui elle s'est mariée, en 1988, n'est autre qu'un misérable qui n'arrivait à travailler que pour quelques jours dans les champs agricoles pour chômer pendant plusieurs mois. Après vingt ans de mariage, ils ont réussi à mettre au monde sept enfants . En 2008, il a rendu l'âme. La mère devait nourrir huit bouches dont l'un est issu de son premier mariage. Que devait-elle faire ? Se prostituer ? Non. Mais, elle a trouvé la solution. Laquelle? Elle a choisi de mettre chacune de ses quatre filles, encore mineures, entre les mains de quelques familles plus ou moins aisées de Taourirt. La victime n'était qu'à son huitième printemps quand elle a été confiée à une famille d'agriculteurs qui dispose d'une ferme. Bien qu'elle fut en âge de scolarisation, ses employeurs l'ont chargée de s'occuper de toutes les tâches domestiques, ainsi que du nettoyage de l'écurie. Une année est passée. Mais au cours de la deuxième année, elle retournait, de temps en temps, chez elle dans un état lamentable. Malade, elle passait trois à cinq jours chez elle avant de retourner chez ses employeurs pour reprendre son travail. En juillet dernier, elle n'a pas pu travailler. Elle était très malade. En conséquence, elle a accompagné sa tante à Guercif. En moins d'une journée chez elle, celle-ci a remarqué que quelques gouttes de sang entachaient sa culotte. Elle l'a examinée. Et c'était la surprise. Quelques gouttes de sang coulaient de sa partie intime. Pourquoi ? Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Plusieurs questions ont été posées par la tante. Et la fillette a craché le morceau: le fils de ses employeurs abusait d'elle durant toute une année au point qu'il a consommé sa virginité. Pire encore, il la menaçait de meurtre si elle confie leur secret à quiconque. Elle lui a tout raconté sans rien cacher. Elle a été emmenée à l'hôpital régional. Le gynécologue l'a examinée et lui a remis un certificat médical attestant qu'elle «présente un hymen avec défloration traumatique ancienne» . Le mis en cause a été arrêté et a été traduit devant la justice. Le lendemain, le mis en cause, H. Z, a comparu, en état d'arrestation devant la chambre criminelle des mineurs près la Cour d'appel d'Oujda, poursuivi pour attentat à la pudeur sur une mineure. Plusieurs associations de la société civile ont été constituées partie civile pour soutenir la fille et sa famille.