L'on voit bien que le débat démocratique prospère naturellement chez nous et que nous n'avons pas besoin de la prose de commande du gars de Pontchaillou sponsorisé par le DRS algérien. Il semblerait que l'ambassadeur, selon des sources concomitantes et frénétiques, —citées par Maghreb Intelligence— assaille les rédactions parisiennes pour inspirer des articles présentant le Maroc comme un pays à haut risque révolutionnaire. Le diplomate algérien n'est pas content, mais pas du tout, de voir son pays cité froidement dans cette catégorie plus fréquemment que le Royaume du Maroc. Il a été surtout ulcéré par un article de Tahar Ben Jelloun paru dans le Monde: «Un printemps en hiver» et une interview, de l'écrivain marocain, sur France Info dans laquelle il explique, justement d'ailleurs, que le Maroc n'est pas concerné par les révoltes du Maghreb. Ces interventions ont, depuis, fait florès. Les choses en sont restées là jusqu'au jour où notre ami diplomate a pu heureusement mettre la main sur un quidam qui s'appelle Karim Boudjema et qui se présente comme professeur à l'hôpital Pontchaillou à Rennes. Ce dernier écrit avec son meilleur pied une réponse à Tahar Ben Jelloun et nos amis du Monde, charité chrétienne de gauche oblige ou réminiscence de portage de valise, dans un exercice d'équilibre dont ils ont le secret, publie la bafouille par acquit de conscience déontologique. Cela donne: «Le Maroc aussi est rongé par la corruption et oxydé de misère.» Une version actualisée de l'enfantin : «C'est celui qui le dit qui l'est». C'est pitoyable. Le niveau est tellement bas que cela coupe le souffle. Pourtant, le Maroc générant librement son propre débat, la réponse la plus tranchante à Tahar Ben Jelloun est venue de son ancien compagnon de route, le poète imprévu Abdellatif Laâbi, dans un papier sans concession publié dans la presse marocaine intitulé : «Ce Maroc qui ne va pas si bien...» L'on voit bien que le débat démocratique prospère naturellement chez nous et que nous n'avons pas besoin de la prose de commande du gars de Pontchaillou sponsorisé par le DRS algérien. Car, enfin, ce qui est épouvantable dans cette affaire, c'est qu'une certaine intelligentsia parisienne n'arrive toujours pas à s'émanciper de l'ascendant culpabilisateur et néfaste qu'a toujours un incertain esprit FLN sur elle. Cet esprit a mené l'Algérie à la ruine morale et matérielle, il a asservi et spolié un peuple noble et fier et continue à rebours de l'histoire à Paris à bénéficier d'une bienveillance honteuse.