Au congrès national de l'Association des élus du PJD, Abdelilah Benkirane n'a pas raté l'occasion de tirer à boulets rouges sur le PAM. Les duels PAM-PJD promettent une rentrée politique animée. Cette année, c'est le PJD qui a ouvert le bal. A l'occasion de la tenue du deuxième congrès national de l'Association des élus du parti islamiste, samedi 25 septembre, à Rabat, Abdelilah Benkirane a tiré à boulets rouges sur le parti dirigé par Mohamed Cheikh Biadillah en lui faisant allusion, à maintes reprises, dans son discours, à l'occasion de la séance d'ouverture de cette rencontre. Evoquant les différents accrochages ayant opposé dernièrement les deux formations politiques, M. Benkirane a qualifié le PAM «de parti qui a bénéficié d'un traitement de faveur. De ce fait, des gouverneurs ont été destitués à son profit et la justice agit en sa faveur». Et d'ajouter que «le PJD n'acceptera jamais le parti unique et la logique de l'hégémonie dans la vie politique. Nous comptons garder notre position tout en revendiquant des réformes, parce que nous n'avons pas choisi de faire la politique pour bénéficier de quelconques avantages que ce soit». «Malgré les pressions dont le PJD a fait l'objet depuis quelques années, le courant éradicateur soutenu par certaines parties relevant de l'Etat a persisté et a exercé des pressions sur nous à travers le ministère de l'Intérieur. Ses ambitions étant vouées à l'échec. Ce courant a tenté le coup, par la suite, en dehors des structures étatiques, à travers l'une de ses figures qui a réussi à mettre en place tout un groupe parlementaire à partir de trois députés seulement», s'est insurgé M. Benkirane, en s'adressant à environ 1.500 élus locaux du parti présents lors de cette rencontre. «Pourquoi lutte-t-on contre le PJD?», s'est interrogé M. Benkirane, avant de répondre que «après la fin de la dispute ayant opposé dans le passé l'institution royale aux partis politiques, on a commencé à chercher un nouvel ennemi. Ceci n'a pas marché avec le PJD, car ce parti est plus royaliste que le roi. En plus, notre parti ne fait pas recours aux grèves, aux scandales et aux putschs». «Pourquoi donc on vous haït?», s'est demandé, en outre, le secrétaire général du parti islamiste, disant que «c'est parce que les élus du PJD sont droits et le courant éradicateur ne peut nullement travailler avec des gens comme vous». «En 2003, nous avons subi des pressions et malgré cela nous avons réussi à avoir de bons résultats. Et lorsqu'on a commencé à dire que le PJD allait obtenir la première place en 2009, ils nous ont sorti le dossier de Meknès et de Témara», s'est indigné, en outre, M. Benkirane. Commentant, par ailleurs, ce qu'il a qualifié de tentatives du PAM et du MP de dissoudre la coalition entre le PJD et l'USFP dirigeant le conseil de la ville de Rabat, le secrétaire général du PJD a affirmé qu'«il y a une volonté chez un courant pour exclure le PJD». Dans le même esprit, M. Benkirane a insisté que «le PJD est toujours engagé dans l'alliance ayant porté Fathallah Oualalou à la tête de la mairie de Rabat, tant que ce dernier fait de même». Cette sortie médiatique du SG du PJD intervient à l'heure où le conseil de la ville de Rabat, présidé par l'usfpéiste Fathallah Oualalou, est bouleversé, selon les observateurs de la scène politiques, par des manœuvres menées par des conseillers du PAM et du MP visant à détrôner le maire de la ville. D'ailleurs, Lahcen Daoudi, secrétaire général-adjoint du PJD, confirme le rapport entre cette sortie médiatique de M. Benkirane et les événements du conseil de la ville de Rabat, dans une déclaration à ALM. «Le PAM travaille en silence pour exclure le PJD du conseil de la ville de Rabat. On cherche à reproduire le cycle des élections et des coalitions pour qu'il n'y ait pas de stabilité dans les conseils communaux et provinciaux. Ainsi, il ne pourrait y avoir de développement local. Le PAM est en train de jouer avec le feu car Rabat est la capitale. L'instabilité dans cette ville pourrait avoir un impact direct sur d'autres villes. Le PAM est appelé à clarifier ses positions», indique M. Daoudi. Et d'ajouter que «le ministère de l'Intérieur doit assumer sa responsabilité dans ce sens, à partir du moment que l'article 6 de la charte communale permet d'exclure un vice-président à tout moment. Le ministère doit mettre en place d'urgence les critères pouvant justifier l'exclusion d'un vice-président du conseil de ville».