Contrairement aux partis PAM, RNI, MP, l'UC et PPS qui ont tiré à boulets rouges contre Abdelilah Benkirane, l'USFP et le parti de l'Istiqlal ont choisi de faire le mort, du moins pour l'instant. Dans la polémique suscitée autour des déclarations du secrétaire général du PJD à propos des partis politiques nationalistes, le parti de l'Istiqlal et l'USFP gardent toujours le silence. Ainsi, contrairement aux partis MP, PAM, RNI, UC et PPS, qui ont tiré à boulets rouges contre Abdelilah Benkirane, les deux principales formations de la Koutla démocratique ont choisi de faire le mort, du moins pour l'instant. M. Benkirane avait suscité la colère des dirigeants des partis politiques présents lors de la séance d'ouverture du onzième congrès du MP, vendredi 11 juin, à Rabat. Il avait affirmé que les partis nationalistes au Maroc sont uniquement l'USFP, le MP, l'Istiqlal et le PJD. Ces propos ont été jugés «exclusivistes», «anti-démocratiques» et «inappropriés» par la classe politique à l'exception du parti de l'Istiqlal et de l'USFP qui n'ont pas encore fait de commentaires. Et pourtant, le PAM, dans son communiqué publié dimanche 13 juin, a affirmé que les «propos irresponsables» de Benkirane «interpellent le Premier ministre ainsi que les autres partis politiques qui devraient prendre des positions claires, car cet incident touche l'essence même de notre vie constitutionnelle». «Lors de la réunion du bureau politique de l'USFP, tenue lundi 14 juin, les membres du bureau ont été informés de ce qui a été dit, à travers la presse, à propos des déclarations de Benkirane lors du onzième congrès du MP. Le secrétaire général du PJD a exprimé son avis personnel. L'USFP ne pourra prendre position dans cette affaire qu'après avoir rassemblé toutes les données nécessaires afin qu'il ait une vision claire», affirme Rachida Benmassoud, membre du bureau politique de l'USFP, jointe par ALM. La réaction officielle du parti dirigé par Abbas El Fassi, ouvertement interpellé par le PAM, se fait toujours attendre. «A vrai dire, je ne suis pas censé parler officiellement au nom du parti de l'Istiqlal, mais d'après mon avis personnel, je pense que l'Istiqlal n'est pas censé réagir aux déclarations d'un parti politique respectable (PJD) qui a ses bases populaires et sa représentativité au sein des instances politiques.Toute réaction dans ce sens constituera une sorte d'ingérence dans les affaires internes de ce parti. Les partis nationalistes sont connus à travers l'histoire du Maroc. Les propos de Benkirane reflètent son avis personnel qui est respectable», explique Rachid Afilal, membre du bureau exécutif de l'Istiqlal. «Nous nous opposons, bien évidemment, à l'exclusion des partis politiques car nous respectons la Constitution. Ceci étant, il faut dire, par ailleurs, que cette affaire interpelle l'avenir politique du Maroc. Le moment n'est-il pas encore arrivé pour mettre fin réellement aux partis de l'administration et aux partis artificiels? Nous ne devons plus accepter que certains partis politiques utilisent les moyens de l'Etat pour faire véhiculer leurs idées partisanes», poursuit M. Afilal, ajoutant dans ce sens que «la révision du Code électoral et de la loi sur les partis politiques sont plus que jamais une nécessité pour atteindre l'objectif de la rationalisation de la vie partisane au Maroc». Le PPS a fermement réagi contre le SG du PJD. Nabil Benabdellah a ouvertement critiqué les propos tenus par Benkirane, les jugeant de «très dangereux». Ce discours limitant à quatre le nombre de partis politiques nationaux «est devenu encore plus dangereux après la confirmation des propos par M. Abdelilah Benkirane lui-même dans un communiqué officiel», a affirmé M. Benabdellah dans une déclaration à la presse, relayée par la MAP. Cette déclaration «prouve que M. Abdelilah Benkirane croit peu au pluralisme et aux principes de l'action démocratique», a-t-il souligné. Ces propos, a ajouté le secrétaire général du PPS, illustrent aussi l'«ignorance» par M. Benkirane de l'histoire du pays et des partis politiques marocains. Selon le SG du PPS, «ce qui aurait pu être considéré au début comme un lapsus est devenu une réaction encore plus dangereuse après le communiqué officiel publié par M. Benkirane». «Le PPS, né il y a plus de 67 ans, n'a guère besoin de l'attestation du PJD pour prouver son existence parmi les partis marocains les plus influents sur la scène politique nationale au niveau des idées, des orientations et des principes», a indiqué M. Benabdellah. Les déclarations de M. Benkirane continuent donc à être dénoncées par la classe politique. Abdelilah Benkirane persiste et signe «Lors de mon intervention, j'ai dit que le danger de l'hégémonie du parti unique persiste toujours et que si le PJD est visé aujourd'hui, le MP doit réagir. Car celui qui vise le PJD aujourd'hui, visera demain le MP. J'ai dit, en outre, que s'il s'avère aujourd'hui nécessaire de réduire le nombre des partis politiques, les partis qui doivent persister sont ceux issus du peuple, et j'ai cité dans ce cadre, le PJD, le parti de l'Istiqlal, le MP et l'USFP. Ceci dit, si un quelconque parti politique considère que mes propos seraient attentatoires à son égard ou reflétant la volonté de l'exclure, j'affirme que je ne l'ai pas fait exprès. Les bonnes relations que nous entretenons avec les autres partis prouvent que ce qui se dit aujourd'hui rentrent dans le cadre des pratiques anciennes d'une partie bien déterminée qui ne cesse de viser le PJD», affirme Abdelilah Benkirane, SG du PJD dans un communiqué rendu public lundi 14 juin.