Le PJD encore une fois dans le collimateur. Le PAM, le RNI et le MP le qualifient de parti «d'éradicateurs». Croyant certainement jeter des fleurs aux harakis, Benkirane a déclaré en substance que «seuls quatre partis politiques qui sont de vrais partis politiques nationalistes existent au Maroc: le MP, l'USFP, l'Istiqlal et le PJD». La réponse du Bureau politique du PAM a été à la mesure de la «bourde». Les propos tenus par Benkirane rélèvent d'un «véritable projet politique d'exclusion» du PJD, affirme un communique publié, dimanche, à l'issue d'une réunion du Bureau national du PAM. Les amis de Mohammed Cheikh Biadillah poussent la logique un peu plus loin : le SG du PJD «a limité la légitimité à certains partis politiques, en contradiction avec le principe du pluralisme consacré par la Constitution et le droit des partis à l'existence, qui est garanti par la loi». Et en guise de coup de grâce, le PAM assène : «Depuis, le pluralisme politique est devenu une constante constitutionnelle qui ne peut être amendée ou révisée et qui, en vertu de l'article 19 de la constitution, est placée sous la protection de SM le Roi, Amir Al Mouminine». Le message est on ne peut plus clair. Et que le PJD se le tient pour dit, semblent dire les dirigeants de la formation du Tracteur. Mohand Laenser, nouvellement auréolé SG des harakis, n'a pas non plus fait dans la dentelle. Il a dénoncé, presque en même temps que le BN du PAM, «les tentations d'exclusion de l'autre et de retour aux visions hégémoniques révolues», suite aux «propos inappropriés», tenus par Benkirane. Au sein même du PJD, la contre-réaction est plutôt prudente. «Quels que soient les propos tenus par le SG, la bienséance aurait voulu qu'il se contente de souhaiter la réussite aux travaux du congrès du MP et exprimer sa volonté de coopération, dans la mesure du possible, avec le parti, sans évoquer ne serait-ce que par allusion une autre formation politique», explique Abdelali Hamieddine, professeur de sciences politiques et membre du Conseil national du PJD. Sans vouloir critiquer les propos du SG de son parti, le politologue estime que «le moment n'était pas opportun pour ce genre de déclarations. Il aurait été plus politiquement correct d'organiser une conférence de presse et dans laquelle il peut exprimer librement ses opinions». Outre le PAM qui se sent directement visé et le MP par qui l'affront à été commis, le RNI entre en jeu. Le parti de la Colombe a dénoncé pour sa part, lundi, «la tendance hégémonique et les rêves éradicateurs du PJD». Les trois formations s'accordent à qualifier la sortie de Bekirane d'«irresponsable» et qui dénote d'un «mépris» des autres formations politiques. Bien plus, le RNI l'accuse de vouloir «imposer sa tutelle sur la société». Les trois partis n'ont fait qu'ouvrir les vannes, le PJD risque de subir, dans les jours à venir, la fronde de la trentaine de partis politique que son secrétaire n'a pas mentionné dans son intervention devant les congressistes du MP. Une levée de bouclier que le politologue Abdelali Hamieddine, considère comme «légitime». «La réaction du PAM et du MP (NDLR et plus tard du RNI) est une sorte de défense de ces partis qui s'estiment visés». De même, rappel notre interlocuteur, la déclaration de Abdelilah Benkirane ne sort pas de l'ordinaire. Des dirigeants du PJD ont tenu des propos similaire à plusieurs reprises «sauf que cette fois le moment et l'endroit sont mal choisis», soutient notre source Le PJD s'est réuni, lundi, pour raccommoder les morceaux. Le SG affirme avoir déclaré effectivement que «s'il était question de réduire le nombre des partis politiques, seuls les partis sortis du giron du peuple, méritent d'exister». Et il a de nouveau cité les quatre formations. «Si un quelconque parti s'est vu offensé par mes propos et considère que je l'aurais exclu, je lui assure que telle n'était pas mon intention. Au PJD, nous veillons à garder de bonnes relations avec les autres partis», conclut un communiqué du Secrétariat général du PJD. Cette réaction en masse des partis relève-t-elle d'une nouvelle tentative du PJD ? «Il n'en est rien», tranche le politologue. Et d'expliquer : «Ces actions dont le but apparent est d'isoler le PJD relèvent beaucoup plus de manœuvres tactiques. Ce n'est nullement un choix stratégique, même pour le PAM».