Les altercations entre Hamid Chabat et des élus du PAM lors de la session de février du Conseil de la ville de Fès et le silence de la direction de l'Istiqlal laissent entrevoir de sombres nuages dans les relations entre les deux partis. Le rapprochement entre istiqlaliens et le PJD ajoute davantage de couleur sombre au tableau. Le silence officiel de la direction de la Balance suite à ce qui s'est passée à Fès est de nature à déplaire aux PAMistes. Hassan Benaddi, le président du Conseil national du Tracteur, lundi sur 2M, a exprimé ce sentiment de malaise, précisant que les incidents de la session de février du Conseil de la ville de Fès dépassent et de loin les rivalités entre partis politiques. Il a également assuré que le maire de la capitale spirituelle est un important membre du Comité exécutif de l'Istiqlal. Traduction: l'homme ne peut pas agir sans se référer à son parti. Dans ce contexte de tension, le PI de Abbas El Fassi peut-il se payer les frais d'une brouille déclarée avec le PAM? La logique des données sur le terrain veut que non. L'Istiqlal pourrait perdre des plumes à l'issue d'une telle escalade avec le PAM. Le Tracteur est le garant de bien des fauteuils occupés aujourd'hui par des istiqlaliens. Commençons par Abbas El Fassi: depuis sa nomination à la Primature, octobre 2007, le secrétaire général ne doit la survie de sa majorité chancelante qu'aux voix des élus du groupe PAM au Parlement. Même lorsqu'il basculé, l'an dernier, dans les rangs de l'opposition, le Tracteur lors de moments cruciaux opte pour l'abstention pour, dit-on, ne pas servir la soupe au PJD. On l'a vu récemment à l'occasion de l'adoption du budget 2010 où le PAM, dans les deux Chambres du Parlement marocain, s'est abstenu de voter. Abbas El Fassi a opté pour le silence, les quotidiens Al Alam et l'Opinion ont vivement salué les décisions de Chabat. Mais dans l'éventualité d'une brouille avec le PAM, il n'y a pas que le maroquin de Abbas El Fassi qui est en jeu. Les mairies d'Oujda et la présidence de la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaïr sont certes occupées par des istiqlaliens mais avec la bénédiction du PAM. A Oujda, Omar Hjira, le maire, a accédé au fauteuil de maire de la capitale de l'Oriental, grâce au forcing des élus du PAM alors que le PJD était donné favori. Que dire alors de l'élection du revenant Bouamar Taghouane à la présidence de la région de Rabat suite au véto du PAM contre Bourkia, un autre istiqlalien trop proche des islamistes du PJD. Autre point qui ne trouve pas grâce auprès du PAM, c'est le rapprochement entre PJD et Istiqlal. Les élus islamistes au Conseil de la ville de Fès ont applaudi les décisions de Hamid Chabat interdisant la vente d'alcool et les boîtes de nuit. Lundi Sur 2M, Hassan Benaddi, le président du Conseil national du PAM, commentant ces faits a tenu à revenir en arrière pour rappeler la polémique qui a suivi les déclarations de Abdelilah Benkirane sur l'ouverture d'un compte pour les Palestiniens avant celui décidé par le roi Mohammed VI. Une occasion pour le dirigeant PAMiste d'appeler à ne pas mélanger politique et religion, le message est adressé à la Lampe. Pour mémoire, les propos du patron du PJD avaient essuyé de vives critiques au point que Abbas El Fassi publie un communiqué condamnant la sortie médiatique de Benkirane. Concernant le cas de Chabat, si le secrétaire général de l'Istiqlal opte pour le silence, il a donné la liberté aux journaux de son parti de saluer et par la même occasion défendre le maire de Fès. Sur les colonnes de l'Opinion de vendredi dernier, un article où foisonne les termes suivants: «tornade purificatrice des moeurs», «purifier les murailles de la cité» et «l'assainissement moral». On dirait plutôt un manifeste du MUR, la matrice du PJD. Quant communication rime avec provocation Hamid Chabat, l'homme aux multiples casquettes au sein de l'Istiqlal, n'est pas à sa première sortie médiatique. En bon communicateur, il sait comment rester le plus longtemps sous les feux de la rampe. Cette année avec ses «décisions» qui auront du mal à voire le jour ne sont pas sans rappeler son offensive sur la mémoire de Mehdi Ben Barka. N'hésitant pas à le traiter d'« assassin ». Une accusation qui lui valu d'être poursuivi en justice par la Chabiba du parti de la rose. Une bénigne conséquence au regard de la couverture médiatique qu'ont suscitée ses propos. A cet époque, enhardi par l'attitude molle de la direction de l'USFP a opté pour le silence. Mais pas Chabat. En plein polémique sur Ben Barka, voilà qu'il surfe sur un thème aussi délicat que le premier. Il diffuse un hadith, dont l'authenticité n'a pas été est vérifiée, du prophète Mohammed sur Fès et ses habitants sachant pertinemment que la ville a été construite bien des années après le décès du prophète. Faisant fi de cette réalité, il fait du si contesté texte une évidence avec laquelle il se pavane dans les plateaux de télévisions.