Ce qui se passe en France relève de la pétaudière. Le caillassage, avant-hier, d'un véhicule de police, avec à la clé un policier blessé, aurait été anodin dans un autre contexte. Ce n'est pas la première fois qu'on jette la pierre à la police, dans les deux sens de l'expression. Mais suite au discours féroce de Sarkozy à Grenoble, on est contraint de jauger ce fait divers à l'aune du débat sécuritaire et même d'oser le traduire comme une réponse du berger à la bergère. La pierre peut évoquer ici l'arme des faibles contre les puissants. On peut penser au mythe de David contre Goliath. Elle peut surtout convoquer l'idée de l'Intifada, manière de dire, sans le prononcer, que les auteurs de ces jets ne peuvent être que des Arabes. Ce que Sarkozy ne veut pas comprendre, c'est que la surenchère et la tension, avec les jeunes des quartiers rompus à la chamaille, ont des effets boomerangs. Le volontarisme sécuritaire insécurise d'abord les braves gens. Jamais les voyous. Ceux qui ont jeté la pierre, il y a deux jours, ne savent vraisemblablement pas ce qu'est le discours de Grenoble. Ils n'ont ni la grammaire ni le logiciel nécessaires pour décoder le coup de menton des Sarkozy, Hortefeux ou Estrosi. Ce ne sont pas non plus les soldats de l'ombre au service d'un état-major de l'ombre pour une cause de l'ombre. Ils sont tout au plus les écervelés et autistes snippers d'un soir d'ennui qui, en un geste piteux, soulignent l'étendue de l'échec de la politique sécuritaire menée par Sarkozy depuis huit ans. Le problème de la France, n'est pas non plus dans ce malaise identitaire nourrit par l'échec «de 50 ans d'immigration non régulée». Là, c'est un dérapage politique incontrôlé. Il est au contraire dans l'excès identitaire des partisans du monocolore. Si le moule français n'était pas intégrateur, Sarkozy de Nagy de Bocsa ne serait pas là où il est. Et peut-être, est-ce là son vrai problème. A la différence d'un Le Pen ou Hortefeux, Sarkozy a un rapport sémantique et conceptuel à la France alors que ceux-ci ont un lien charnel avec la terre de France avec ses vallées, monts et églises. A écouter, par exemple, Hortefeux parler de son désir de candidater pour la mairie de Vichy (c'est une faute de goût à défaut d'être un canular), il dit pompeusement «Je suis auvergnat, mes racines, mes souvenirs et ma famille sont ici et j'y tiens». Affirmation identitaire respectable, bien que régionale. C'est le même rapport aux racines qu' Hortefeux refuse aux autres. En septembre 2009, ne disait-il pas, à propos d'un militant UMP d'origine arabe «Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes» C'est raciste et c'est le tribunal qui l'affirme puisqu'il a condamné, le 4 juin 2010, le ministre de l'Intérieur pour injure raciale.