Henri Guaino fut accusé par les autres conseillers de Nicolas Sarkozy de se livrer à un exercice qui déstabilise le président de la République et le gouvernement. On imagine aisément Nicolas Sarkozy, seul dans son superbe bureau de l'Elysée, en train de grogner de dépit, de se tirer les cheveux d'amertume, de trembler de rage et de colère froide. Déjà, sa majorité comme son gouvernement ne ratent aucune occasion de s'étriper en public, d'exhiber, de manière presque masochiste, leurs différends, de saupoudrer leurs bisbilles de quelques sorties qui en disent long sur leurs incohérences et leur manque de solidarité. Et voilà que maintenant la très proche équipe de ses conseillers, le premier cercle de ses collaborateurs, se met à communiquer ses disputes et à faire savoir ses dissensions. Héros de ce nouveau feuilleton de la nouvelle gouvernance de Nicolas Sarkozy qui se débat dans ses contradictions, le conseiller très spécial du président de la République Henri Guaino. La presse française ne bruit que le légendaire clash qu'il a eu avec deux autres poids lourds de l'Elysée, le très influent conseiller social Raymond Soubie et l'incontournable secrétaire général du Château, Claude Guéant. L'étincelle qui aurait allumé le baril de poudre déjà rempli, le soutien apporté par Henri Guaino à une pétition d'intellectuels demandant au gouvernement de maintenir l'enseignement de l'histoire dans les terminales scientifiques alors que ce dernier claironne simplement, au nom indicible d'une économie de professeurs, sa suppression. Au cours de cette engueulade, Henri Guaino fut accusé par les autres conseillers de Nicolas Sarkozy de se livrer à un exercice qui déstabilise le président de la République et le gouvernement. L'accusation est grave et révèle un gros malaise au sein de l'Elysée. Henri Guaino n'est pas un de ces conseillers obscurs dont le prince préfère utiliser la production intellectuelle avant de laisser moisir dans la poussière et l'anonymat de ses livres. Bien au contraire, jusqu'à cette grande dispute, il était l'homme que Nicolas Sarkozy envoyait régulièrement aux médias pour porter sa parole mal comprise, recadrer un ministre qui s'est mal exprimé ou tout simplement donner du sens aux choix et à la démarche présidentiels. Il est le père revendiqué du grand projet politique de Nicolas Sarkozy, l'Union pour la Méditerranée, (UPM) qui tout en étant en berne, fait toujours rêver. Il est le rédacteur de ces grands discours qui ont donné à Nicolas Sarkozy une sorte de grandeur ampoulée. Pour tous les observateurs, c'est devenu une marque reconnaissable : chaque fois que Nicolas Sarkozy entame un mélo historique ou social avec des intonations lyriques, c'est du pur Henri Guaino qu'il respire. Ces derniers temps, Henri Guaino s'est retrouvé sur plusieurs sujets en porte-à-faux avec les choix gouvernementaux. Deux grands sujets ont nourri récemment la polémique: l'ampleur et la finalité du grand emprunt national décidé par Nicolas Sarkozy lors du congrès de Versailles, l'échec de la politique de la banlieue porté par le plan «Espoirs banlieues» par le secrétaire d'Etat à la Ville Fadela Amara. Et signe qu'un malheur, comme les hirondelles du printemps, n'arrive jamais seul, Henri Guaino est au cœur d'une polémique déclenché par «Le Canard Enchaîné» sur les salaires jugés faramineux qu'il touche pour ses prestations.