Le président de la République, Nicolas Sarkozy, est partie civile dans l'affaire Clearstream dans laquelle Dominique de Villepin doit finalement comparaître en correctionnelle à partir de septembre prochain. Personne ne pouvait l'imaginer mais Dominique de Villepin a osé l'envisager. L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac et des plus farouches opposants à Nicolas Sarkozy a dévoilé son ambition présidentielle pour 2012, avec une verve qui en dit long sur la détermination de l'homme : «L'élection c'est une question de circonstances, quelle que soit l'élection, à quelque poste que ce soit. En l'occurrence, il se trouve que ça ne s'est pas présenté, mais je souhaite fort que cela soit possible, oui bien sûr. Nous verrons bien». C'est une des premières fois où Dominique de Villepin dit clairement son désir de se lancer dans la bataille des présidentielles. Sans aucun doute pour rattraper une occasion ratée quand, en dauphin naturel de l'ère chiraquienne finissante, il s'était fait chiper le témoin par le dynamique et manœuvrier Nicolas Sarkozy. Et depuis, la relation entre les deux hommes n'a cessé de se détériorer. Objet de la grande controverse qui nourrit depuis des mois la chronique politique et judicaire, l'affaire Clearstream dans laquelle Dominique de Villepin est accusé d'avoir monté une opération de déstabilisation contre Nicolas Sarkozy pour l'empêcher de marcher sur l'Elysée. Fait rarissime, le président de la République est partie civile dans cette affaire dans laquelle Dominique de Villepin doit finalement comparaître en correctionnelle à partir de septembre prochain. A la manière d'un Sarkozy travaillé par une dévorante ambition et une irrésistible envie d'exister, Dominique de Villepin ne rate aucune occasion de faire parler de lui. Dans un plan média bien étudié, il fait allusion à une possible amourette avec Ségolène Royal du temps de leurs études à l'ENA, ce qui a fait frémir la planète people qui commence déjà à imaginer une Madone dans les bras d'un Apollon. Il livre un terrible diagnostic de la crise sociale en France menacée par «un risque révolutionnaire». Ce diagnostic avait rejoint celui de certains socialistes qui prédisent des révoltes. Cette formule de Dominique de Villepin a eu le don d'agacer au plus haut niveau. Croyant tenir l'occasion de démasquer son enchère, le Premier ministre François Fillon a stigmatisé sa sortie «C'est, de la part de quelqu'un qui a été à la tête du gouvernement français, une attitude qui n'est pas responsable -il est vrai qu'il n'a pas une grande expérience du dialogue social». Dominique de Villepin est depuis longtemps en tenue de combat. Il sait qu'il se doit de maintenir à flot un niveau d'agressivité et une capacité de nuisance pour continuer à être entendu et craint. Il rend coup par coup à toutes les attaques. Alors que son concurrent dans l'opposition à Nicolas Sarkozy n'a pas voulu tirer sur «l'ambulance» Dati à cause de son faux pas dans la campagne électorale des européennes, lui ne met pas des gants quand il s'agit de mettre à terre un des symboles les plus voyants de l'ère Sarkozy. Commentant les dérapages sur l'Europe de Rachida Dati présentés en aval comme un exercice humoristique devant une assemblée de jeunes UMP, Dominique de Villepin s'est montré acéré : «L'Europe c'est un enjeu important (...) qui mérite autre chose que des gloussements. Je pense que l'Europe mérite mieux, plus de concentration, plus de gravité». En dévoilant son dessein présidentiel, Dominique de Villepin semble viser un objectif bien identifié, celui d'empoisonner dès maintenant la tentative de Nicolas Sarkozy de se présenter à un second mandat. Cette démarche a été repérée par les observateurs depuis que De Villepin avait participé récemment avec ses fidèles à une réunion au sein de l'Assemblée nationale. Par ailleurs, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac ne cache plus ses contacts politiques avec François Bayrou et Ségolène Royal, les deux adversaires déclarés de Nicolas Sarkozy. Avec la volonté manifeste d'élargir les fissures qui travaillent l'UMP et qui peuvent compliquer davantage la tâche présidentielle. La campagne des élections européennes de juin prochain dans laquelle le PS et le parti du président sont en opposition frontale sera une occasion pour De Villepin de tester sa nouvelle tonalité d'un présidentiel potentiel.