Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin semblent définitivement entrés dans l'affrontement par KO mortel, sans possibilités de compromis. Alors qu'il était en pleine période de séduction et de reconquête de l'opinion, Nicolas Sarkozy fut arrêté net par la relaxe de Dominique de Villepin dans l'affaire Clearstream dans laquelle il était partie civile. Obligé de changer brusquement de visage et de stratégie. Il eut son «moment» grand seigneur en affirmant qu'il prenait acte de la décision de la justice et qu'à titre personnel, il ne ferait pas appel. L'impression instantanée que le président de la République encaissait froidement le coup, cuvait stoïquement sa défaite. Quelques heures plus tard, la politique reprenait ses droits. Le parquet placé directement sous l'autorité de la ministre de la Justice, Michelle Alliot-Marie et donc de Nicolas Sarkozy interjetait en appel. Outre qu'elle relance cette affaire Clearstream avec encore plus de piments et de suspense, l'attitude du président de la République fait ressortir un caractère schizophrène de sa personnalité. Sa tentative de reprendre par la main gauche ce qu'il a cédé la veille par la main droite n'avait d'autres objectifs immédiats que de désarmer tous ceux qui allaient brandir contre lui l'accusation d'acharnement par une haine inextinguible. Nicolas Sarkozy avait promis de pendre Dominique de Villepin à un croc de boucher. Dans cette affaire, les échotiers le décrivent comme l'homme que, s'il tire une balle, ce n'est pas pour blesser mais pour tuer. De New York, il l'avait décrété déjà coupable avant même que le procès ait lieu. C'est dire à quel point la relaxe ne pouvait à aucun moment être une hypothèse envisageable pour un homme au désir de vengeance affiché et au caractère sanguin affirmé. Le dénouement immédiat ou différé de l'affaire Clearstream constitue déjà un handicap pour Nicolas Sarkozy. Involontairement sans doute, il vient de créer au sein de sa propre famille une personnalité ou un leadership, Dominique de Villepin, qui peut l'affaiblir dans sa difficile opération de sa réélection. En ce sens que l'appel dans ce bras de fer juridico-politique vient de libérer la parole et les actions de Dominique de Villepin et de ses amis. Il est vrai que l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac n'avait, jusqu'à présent, ménagé aucun effort pour rendre la vie dure à la gouvernance de Nicolas Sarkozy. Il a formulé un des plus efficaces réquisitoires contre le président de la République au point de camper dans les sondages la place enviée de son meilleur opposant. Renforcé par la relaxe du tribunal, le groupe De Villepin qui est en train de se former au sein de la droite aiguisera davantage ses attaques, affinera avec plus de pertinences ses morsures. Les deux hommes, Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin semblent définitivement entrés dans l'affrontement par KO mortel, sans possibilités de compromis. Pour affiner sa capacité de nuisance, Dominique de Villepin travaillera, comme le laissent déjà entrevoir ses déclarations, sur la possibilité de coaguler autour de sa personne et de son club qu'il compte transformer en parti politique, tous les déçus et les frustrés à droite de la politique de Nicolas Sarkozy et qui sont à la recherche d'une alternative sans passer par la gauche. Son efficacité se mesurera à l'ampleur de ce mouvement.