En opérant des changements dans son propre entourage, Nicolas Sarkozy semble admettre une grande part de responsabilité dans la débâcle des municipales. Il serait en train de tenter de récupérer son style. Le nouveau Sarkozy serait en train de naître sous nos yeux. À défaut de procéder au grand chamboulement gouvernemental tant désiré, l'Elysée semble préférer changer d'image. D'ou les modification importantes apportées à l'équipe de communication chargée de sculpter la nouvelle réputation de Nicolas Sarkozy auprès des Français. Il faut dire que le président de la république, sous le choc de la défaite des municipales, a procédé par le plus facile. Etait-il un instant imaginable de congédier, en pleine tourmente électorale, un Premier ministre qui non seulement bat à plate couture le locataire de l'Elysée dans tous les sondages d'opinion, mais a réussi à devenir le seul pôle de stabilité et de crédibilité qui rassure les Français et une classe politique inquiète sur son avenir? L'entourage de Nicolas Sarkozy justifie cette incapacité à remanier en profondeur par un agenda européen contraignant. La France prendra la présidence de l'Union européenne en juillet prochain, et il serait politiquement inefficace de changer l'exécutif français qui a beaucoup avancé dans la préparation et la maîtrise des dossiers les plus sensibles. De l'avis de nombreux observateurs et en l'état actuel des rapports de forces, Nicolas Sarkozy ne dispose plus des ressorts politiques indispensables à la reconfiguration d'un nouveau gouvernement. Devant cette situation, la grande leçon que Nicolas Sarkozy semble tirer de ces municipales, il compte se l'appliquer à lui-même. Pour lui, l'objectif principal à atteindre en urgence absolue est un changement d'image et un changement de style. D'où les remaniements visibles qu'il a apportés à ses équipes aux commandes de l'Elysée. Contrairement à une idée largement répandue, la suppression du porte-parole n'est pas due uniquement aux déconvenues électoraux de David Martinon à Neuilly, ni à sa proximité jugée coupable avec l'ancienne première dame de France Cecilia Sarkozy. Elle est due à la faillite avérée d'une forme de communication politique à l'américaine importée des Etats-Unis et dont la greffe n'a pas tenue dans la manière d'être française au point de frôler souvent un dangereux niveau de ridicule politique. Son remplacement par Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée pour le national et Jean-David Levitte, Sherpa du président pour l'international indique une volonté de reprendre en main l'expression présidentielle. La contitution d'un «pôle politique» sous la direction de Catherine Pégard, l'ex journalise au «Point» assistée de deux conseillers du président Jérôme Peyrat et Olivier Biancarelli, aura pour tâche d'expliquer des reformes en cours et de combler leur déficit de pédagogie. En opérant ces changements dans son propre entourage, Nicolas Sarkozy semble admettre sans le dire une grande part de responsabilité dans la débâcle des municipales. Et à en croire les confidences en provenance du Château, Nicolas Sarkozy serait en train de faire sa mue en reprenant en main son style et son image. Fini donc la course effrénée pour s'emparer des Unes de magazine People comme «Gala», «Closer » « Voici » ou «Paris Match». Finie la communication à tout prix avec des journalistes people embarqués avec le seul souci de jeter plein les yeux comme s'il était en permanente compétition mondaine. Adieu «le Bling Bling» élevé pendant ces dix premiers mois au rang de mode de gouvernement, oubliée la fréquentation trop exhibée de valeureux patrons du Cac 40. Longtemps accusé par ses détracteurs de faire subir à la fonction présidentielle une forme de coupable indignité, le Nouveau Nicolas Sarkozy fera tout pour «re-présidentialiser» son image pour reprendre la formule de l'éditorialiste Alain Duhamel qui exige selon lui : «de la distance, de la constance, de la hauteur. Elle interdit l'agitation, les provocations, les apostrophes viriles et malsonnantes, le reality show au palais de l'Elysée». Fini donc le Nicolas Sarkozy qui interpelle virilement un pécheur sur un port en détresse ou un badaud impoli dans le Salon de l'agriculture. Place à un président qui maîtrise ses nerfs et contrôle ses pulsions. Pour le mémorialiste quotidien des faits et gestes de Nicolas Sarkozy, la renaissance attendue du Nouveau Nicolas Sarkozy est un spectacle jouissif à haute valeur politique.