Xavier Bertrand, un franc-maçon qui s'assume publiquement et fièrement, n'est ni un cacique ni un historique du l'UMP. Il fait partie d'une génération politique connue pour son ambition dévorante. A défaut de procéder au grand chamboulement gouvernemental pour cause de sondages en berne et d'agenda européen stressant, Nicolas semble entamer la seconde phase de son auto-remaniement post-élections municipales. Après la réorganisation de son équipe élyséenne avec le départ de David Martinon vers New York pour y exercer ses talents cachés de consul et de Georges Marc Benamou vers Rome pour y diriger, dans un tourbillon de contestations, l'Académie de France plus connue sous le joli nom de la Villa de Médicis, Nicolas Sarkozy se retourne vers l'UMP, le parti qui l'a porté vers l'Elysée pour tenter de le réorganiser de fond en comble. Dans le microcosme politique de droite, l'annonce de la nomination prochaine de Xavier Bertrand comme secrétaire général de l'UMP fit l'effet d'une bombe à tel point que les commentateurs les plus avisés la considèrent déjà comme le plus fort signal politique donné par le président de la république depuis la débâcle des municipales. Xavier Bertrand, un franc-maçon qui s'assume publiquement et fièrement, n'est ni un cacique ni un historique du l'UMP. Et pour cause il est né le 21 mars 1965 et fait partie de cette nouvelle génération politique connue pour sa fougue et son ambition dévorante comme pourrait l'être un Jean-François Copé, actuel président du groupe parlementaire de l'UMP. Il fait ses premiers pas gouvernementaux en 2003 lorsqu'il est nommé secrétaire d'Etat à l'assurance-maladie dans le gouvernement Raffarin avant de succéder à Philippe Douste Blazy au ministère de la Santé dans le gouvernement Dominique De Villepin. Alors que la candidat Sarkozy était en train de structurer ses forces pour partir à l'assaut de l'Elysée, Xavier Bertrand était un des premiers à investir sur lui alors que d'autres se tâtaient encore de savoir si l'homme valait la peine d'y risquer sa carrière. Cela lui a valu, entre autres, d'être choisi comme porte-parole du candidat aux côtés d'une Rachida Dati en plein éclosion. La campagne des présidentielles apporta à Xavier Bertrand la lumière et la visibilité politique qui le dégarnit de ses habits et reflexes de bureaucrate. Les Français ont découvert un homme combatif, aux convictions solides, capable d'argumenter, de convaincre et même de séduire. Autant de qualités qu'il mettra au service du gouvernement de François Fillon lorsque celui-ci est lourdement confronté à la crise de réforme de régimes spéciaux de retraite. La gestion de cette crise avait permis à Xavier Bertrand de se positionner en concurrent direct de François Fillon, resté, par timidité ou par calcul, en retrait. De cette période, date la mauvaise relation entre les deux hommes. En tant que porte-parole et puis en tant que ministre, Nicolas Sarkozy a eu tout loisir d'apprécier les qualités de Xavier Bertrand. Entre les deux hommes, un étrange mimétisme s'est installé, si frappant dans la structure du verbe utilisé, dans les hochements d'épaules démagogiques, jusqu'à cette étonnante capacité de vendre du vent que n'importe quel homme politique doit détenir au minimum et que Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand semblent maitriser avec talent. S'il a pensé à lui comme redresseur d'une UMP réticente au mouvement d'ouverture et à la réforme, c'est parce qu'il pense qu'il détient le feu sacré qui avait enflammé les Français lors des présidentielles et qui leur a fait défaut lors des municipales. Il fut dire que la maison UMP subit actuellement un feu nourri de critiques, l'accablant de pas avoir été à la hauteur. La dernière salve est venue d'un proche de Nicolas Sarkozy, Christian Estrosi, maire de Nice. En ligne de mire, Patrick Devedjian, l'actuel secrétaire général dit: «Il a commis beaucoup de maladresses, il n'a pas su créer de synergies entre les acteurs de notre mouvement» et d'enfoncer le clou : «Dans nos fédérations, plus personne ne réfléchit, plus personne ne travaille (…) Avec Nicolas Sarkozy, chacun jouait la bonne partition (...). Aujourd'hui cet orchestre a disparu car il n'y a plus de chef d'orchestre (..) Nous ne faisons plus bouger aucune ligne, nous ne portons plus aucun message, nous n›apportons plus aucune proposition concrète». Xavier Bertrand, intronisé comme sauveur de l'UMP, semble avoir du pain sur la planche et de nombreux grincements à contenir, au rang desquels le mal-être d'un Patrick Devedjian désavoué.