Les élections européennes approchent à grands pas et la gauche et le centre envisagent de les transformer en questionnement du bilan de Nicolas Sarkozy. Lorsque le Président Nicolas Sarkozy avait décidé de «délocaliser» Xavier Bertrand du ministère du Travail à la rue de la Boétie, siège de l'UMP, l'intention était de profiter de la fidélité d'un homme, de sa force de travail reconnue, de sa fougue sans frein pour réorganiser une maison qui devenait, à coup de mauvaises humeurs, un repaire d'opposants politiques. D'autant que les élections européennes approchaient à grands pas et que la gauche et le centre envisageaient de les transformer en questionnement du bilan de Nicolas Sarkozy. Quand il était au gouvernement, Xavier Bertrand faisait des étincelles. Tandis que le Premier ministre François Fillon laissait filer son spleen dépressif de n'exercer qu'une fonction de représentation et Jean-François Copé, le chef des députés UMP, se plaignait ouvertement que Nicolas Sarkozy ait transformé l'Assemblée nationale en simple chambre d'enregistrement, Xavier Bertrand irradiait son bonheur de servir Nicolas Sarkozy. Il le faisait avec un tel excès de zèle qu'il en devenait suspect, provoquant au passage des animosités sans limites de la part de sa propre famille politique. D'ailleurs, il n'est pas vrai d'affirmer que Xavier Bertrand est l'homme politique que l'ensemble du gouvernement aime détester. Il vient de se découvrir au moins un ami, Brice Hortefeux ,actuel ministre du Travail : «Aujourd'hui, je pense que nous avons fait mentir (Georges Clemenceau) qui avait déclaré qu'en politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables. Moi, je vous le dis, j'aime bien mon prédécesseur». François Fillon a longtemps considéré que l'unique obsession de Xavier Bertrand était de lui rafler le plus vite possible Matignon et Jean-François Copé ne cesse de montrer par des signes qui ne trompent pas que Xavier Bertrand est désormais programmé pour avorter son ambition présidentielle. A tel point que lorsqu'il quitta le gouvernement pour prendre en main le destin de l'UMP à la place d'un Patrick Devedjian de moins en moins soumis à la volonté présidentielle, ses adversaires déclarés ne savaient plus s'ils devaient pousser un cri de soulagement ou s'inquiéter davantage. Aujourd'hui, tout indique que le génial, l'ambitieux, le prometteur et l'inquiétant Monsieur Xavier Bertrand n'est pas cette terreur annoncée qui allait terrasser d'un coup de patte mortel ses ennemis. A la tête de l'UMP, l'étoile de Xavier Bertrand a perdu de son lustre. Le mérite revient sans aucun doute à ceux qui ont tout fait pour lui imposer un porte-parole aussi talentueux dans la production quotidienne de la phrase choc et du trait grossier que Fréderic Lefebvre. Ce dernier avait, en l'espace de quelques semaines, capté toutes la production politique de l'UMP. Dommage collatéral immédiat : Xavier Bertrand, suivant l'exemple de Nicolas Sarkozy qu'il admire beaucoup, voulait imposer son propre rythme au parti mais se retrouva largué dans l'œil d'un cycle dont il ne mesure pas la violence. Fréderic Lefebvre a donné un vrai coup de vieux à Xavier Bertrand. Il a été plus prompt à traduire la pensée et l'humeur présidentielle immédiate là où Xavier Bertrand était plongé dans ses calculs politiques à long terme. Le retard pris dans la finalisation des listes UMP en disait long sur le malaise qui étreignait son nouveau secrétaire général. Et même si Xavier Bertrand se dit fier que son propre parti ait pu éviter le piège des parachutages dans lequel les socialiste sont tombés, il ne peut pas en dire autant de l'absence du leadership qu'il partage avec la Rue de Solferino, dominé qu'il est par l'ombre de Nicolas Sarkozy et les manœuvres de la majorité présidentielle. Cette situation donna lieu à un énorme quiproquo : Qui est le véritable chef de la droite de cette campagne européenne? Est-ce le président de la République Nicolas Sarkozy ? Le Premier ministre François Fillon, ou le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand ? Devant tant de complications, Xavier Bertrand n'est plus à souhaiter l'exploit mais en est réduit à espérer le minimum : «C'est une élection a un tour (...). C'est pour ça que pour moi ce qui est important c'est que nous arrivions en tête». L'abstention qui menace ce scrutin ? Xavier Bertrand a une explication «que les politiques nationaux ont voulu s'approprier les réussites quand elles étaient européennes, par contre à chaque fois qu'il y avait des échecs on donnait bien la paternité à l'Europe, c'est un peu ça qu'on paie aujourd'hui».