Depuis l'élection présidentielle au cours de laquelle l'UMP avait joué le rôle de machine à gagner pour Nicolas Sarkozy, ce grand parti n'a toujours pas su trouver ses marques. Alors que le Parti socialiste avait étalé ses divisions au grand jour le week-end dernier à La Rochelle au cours de son Université d'été, l'UMP de Nicolas Sarkozy avait réuni à la fin de la semaine écoulée ses jeunes en «campus» à Royan, au bord de l'Atlantique, histoire d'effectuer sa rentrée politique et de s'interroger sur son rôle et sa mission alors que son champion est au pouvoir. Chez de nombreux observateurs, la tentation était grande d'établir des comparaisons entre ces deux partis, l'un présenté comme vivant une grande crise de leadership et un déficit d'idées et d'initiatives et l'autre vivant le calme très plat de l'inutilité politique immédiate et la perte d'influence. L'un alimentant la chronique politique par une interminable guerre d'ego, l'autre par un cafouillage des plus désorganisés au fur et à mesure que les relations entre François Fillon et Nicolas Sarkozy connaissent leur première phase de dégradation. Et pour cause, depuis l'élection présidentielle au cours de laquelle l'UMP avait joué le rôle de machine à gagner pour Nicolas Sarkozy, ce grand parti de la droite, avec ses trois cent mille adhérents et son implantation locale dense n'a toujours pas su trouver ses marques. Depuis le choc des municipales, une bronca a été levée contre son secrétaire général Patrick Devedjian, coupable de ne pas avoir su mobiliser et insuffler un esprit de victoire à son électorat. La colère élyséenne fut traduite par la décision de lui enjoindre trois secrétaires généraux adjoints pour l'encadrer en la personne de Xavier Bertrand, ministre du Travail et Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à l'Ecologie et de Christian Estrosi, l'actuel maire de Nice. Avec pour mission principale, la préparation des échéances électorales à venir comme les régionales et les européennes. L'UMP avait par ailleurs exprimé quelques difficultés à se positionner par rapport au bilan de l'action gouvernementale. Il fut un temps où ses principaux chefs montraient une difficulté manifeste à soutenir l'action gouvernementale et à montrer une solidarité sans failles avec les différents ministres dans leurs différentes réformes. Surtout quand ces derniers étaient critiqués par l'opposition et les partenaires sociaux. D'où les grincements de dents alimentés par le patron du groupe parlementaire UMP Jean-François Copé dont les troupes sont parfois ouvertement tentés par la rébellion et qui ont failli coûter son poste à Patrick Devedjian. Dans la galaxie UMP, Patrick Devedjian, un moment pressenti pour occuper le poste de ministre de la Justice à la place de Rachida Dati, sait qu'il est sur une fonction très enviée qui suscite de nombreuses convoitises. Il a profité de la rencontre de Royan avec les jeunes de l'UMP pour tenter de recadrer l'ambition de son parti. Il ne s'agit ni plus ni moins que de tenter de « refonder ce qu'est aujourd'hui la droite» pour «gagner les nouvelles batailles idéologiques». Au risque de verser dans la démagogie bon marché et la brosse à reluire enfiévrée, Patrick Devedjian estime que «Nicolas Sarkozy a ouvert le chemin du changement et de la transformation (….) Il faut s'y engouffrer, transformer complètement la société. C'est cela la révolution». Et à tous ses détracteurs qui voudraient le voir quitter la rue de la Boetie pour cause d'hémorragie de militants dont le nombre serait subitement passé de 350.000 à 200.000, Patrick Devedjian donne cette explication : la baisse des adhésions touche «absolument tous les partis (…) 2007 était une année de passion électorale, 2008 un long fleuve tranquille». L'UMP d'aujourd'hui tente de véhiculer une image d'unité et d'apaisement pour mieux faire ressortir les divisons de l'opposition. A la guerre des chefs des socialistes, l'UMP tente désespérément d'afficher un visage lisse et discipliné. L'unité est conjuguée à toutes les sauces comme l'a argumenté le vice-président du conseil national de l'UMP Jean-Pierre Raffarin : «Avec la politique étrangère et la situation économique internationale, si on polémiquait entre nous, on serait condamnés par nos électeurs. L'unité est une nécessité du parti au pouvoir».