L'Université d'été de la Rochelle ne restera pas anodine dans le calcul et la stratégie de Nicolas Sarkozy. S'il y a un parti sur l'échiquier politique français qui surveillait avec une délectation guerrière le déroulement de l'Université d'été du PS à la Rochelle, c'est bien l'UMP, le parti du président Nicolas Sarkozy. Et pour cause. En théorie, les socialistes demeurent l'unique pôle d'opposition à pouvoir fabriquer une alternatif à l'actuel président. Leurs états d'âme les plus noirs, leurs disputes les plus explosives, leurs petits crimes entre amis les plus pervers ont une valeur stratégique aux yeux du président. La galaxie UMP, comme une bonne partie de l'opinion française, s'attendait à ce que la Rochelle se transforme en un théâtre sanglant où les ego aussi gonflés qu'inassouvis s'entrechoquent avec violence, où les ambitions s'étripent jusqu'à la mort. Tout était prêt pour la grande déflagration : une autorité structurellement remise en cause, celle de Martine Aubry, un vent de rébellion qui fait tourner la tête de nombreux quadras qui piaffent d'impatience d'en découdre, une absence de projet pour jeter les fondations d'une alternance crédible, et surtout une incapacité manifeste pour le PS de jouer un rôle central et moteur pour fédérer autour de lui ses satellites naturels que sont les Verts et le PCF. Sans parler de l'épineuse question de l'alliance avec le Centre de François Bayrou. Pour l'UMP, la Rochelle s'annonçait comme une belle aubaine pour enfoncer un adversaire déjà affaibli par une captation pratiquée sur ses «ressources humaines» par l'agressive politique d'ouverture de Nicolas Sarkozy. Sauf que le premier bilan de cette Université d'été du PS indique une autre orientation. Le bateau PS n'a pas chaviré et le capitaine Aubry n'a pas largué les amarres dans le vide. La presse française, presque unanime, s'est retrouvée en ce début de semaine à féliciter les socialistes de leur début de convalescence retrouvée. Constatant que le temps était à l'apaisement et à la reconstruction d'un leadership, l'UMP de Nicolas Sarkozy avait sorti la grosse artillerie. Ses deux porte-parole, Fréderic Lefebvre et Dominique Paillé signent un communiqué dans lequel ils constatent que : «aucune proposition répondant aux préoccupations des Français n'a été formulée en trois jours (…) Leur seul sujet de débat aura été celui des primaires, c'est-à-dire leurs propres petites affaires de boutique». Tandis que Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP commentait la Rochelle en ces termes : «c'est surtout le retour du PS d'avant, le retour de la politique d'hier. Les socialistes parlaient aux socialistes (…) les priorités des socialistes étaient de parler des primaires (…) les primaires pour les Français, c'est totalement secondaire». L'Université d'été de la Rochelle, et cette victoire symbolique que les socialistes ont eue sur eux même en évitant le déchirement public, ne resteront pas anodines dans le calcul et la stratégie de Nicolas Sarkozy. Après la politique d'ouverture, quelle botte secrète devra-t-il encore inventer pour que la maison socialiste retrouve ses disputes paralysantes ? C'est le grand défi de sa rentrée politique après de longues vacances passées au Cap Nègre.