Depuis l'annonce publique de la séparation entre Hollande et Ségolène, les socialistes croyaient avoir mis un terme à cette étrange situation qui avait donné à la vie privée du duo socialiste une dangereuse et paralysante centralité. Depuis sa défaite aux dernières présidentielles, l'Université d'été du Parti socialiste à la Rochelle aura été, à l'exception de ses démêlés médiatiques d'essence conjugale avec son partenaire François Hollande, une des rares occasions d'exposition publique de Ségolène Royal. La pause estivale aidant, l'ex-candidate socialiste à l'Elysée, cédant la place à un Sarkozy triomphant, s'était doucement éclipsée du paysage politique sur une impression contradictoire : Un échec perçu et vendu par un entourage enthousiaste comme une prometteuse victoire. La curiosité était donc vive de savoir comment cette femme avait pu se remettre de sa défaite politique sur fond de profond bouleversement privé. A la Rochelle où ce qui restait du Parti socialiste se promettait d'entamer en profondeur le travail de rénovation tant attendu et où François Hollande a annoncé «la fin du grand soir», l'actualité avait encore été monopolisée par les anicroches salées du couple Royal-Hollande qui a passé le plus clair de son temps à s'éviter et à s'ignorer dans un jeu de cache-cache suivi avec une dose de voyeurisme assumé des médias français. Depuis l'annonce publique de leur séparation, les socialistes français croyaient avoir mis un terme à cette étrange situation qui avait donné à la vie privée du duo socialiste une dangereuse et paralysante centralité. Les vacances marocaines intimistes de François Hollande avec sa nouvelle compagne la journaliste Valérie Trierweiler étalées sur les pages de la presse people (Closer et Choc) ont jeté de l'huile sur le feu et ravivé les blessures. Valérie Trierweiler est une journaliste qui suivait les affaires du PS pour Paris Match et travaille pour «Direct 8», une chaîne de Télévision de la TNT, propriété du groupe Bolloré où elle anime un émission politique «Le grand 8». Cette Université d'été du Parti socialiste qui devait signer un travail de clarification s'est distinguée par l'absence des éléphants socialistes, ex-challengers de Ségolène Royal. Dominique Strauss-Khan, parti faire campagne pour conquérir la présidence du FMI, Laurent Fabius en déplacement privé, Jack Lang démissionnaire et Lionel Jospin en posture de boudeur éternel. L'absence de ces grosses pointures a eu pour effet immédiat de raviver d'anciennes gloires comme Michel Rocard dont, faute de mieux, la presse buvait les paroles. Michel Rocard, visiblement bien remis de son malaise indien s'était donné pour mission de lutter contre le pessimisme ambiant. Présenté par la presse comme une nouvelle prise de l'ouverture depuis qu'il a accepté l'offre de Nicolas Sarkozy de siéger dans une commission pour réfléchir à la revalorisation du métier d'enseignant, il a dénoncé avec son phrasé inimitable «le marasme masochiste de la rumination de l'échec» et le «mal croissant dans le parti», consistant à «préférer la politique de la posture à celle du résultat». A ses cotés, le maire de Paris Bertrand Delanoë, d'habitude si discret et modeste depuis que son ami et mentor Lionel Jospin avait raté son retour en politique et que lui même avait échoué à obtenir que Paris organise les JO de 2012, s'est vu poussé des ailes en lançant un appel aux socialistes pour se consacrer au «boulot titanesque » de rénovation idéologique du PS. Les idées défendues par Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle, qu'il s'agisse du concept de la démocratie participative, de l'ordre juste, ou des valeurs d'une gauche ouvrière et salariale défendues par les socialistes étaient au cœur de ce que certains avaient comparé à une thérapie de groupe pour dépasser l'échec des présidentielles. Ségolène Royal, même si elle semble encore souffrir de la présence de son ancien compagnon François Hollande à la tête du PS jusqu'à 2008, y teste l'enracinement et l'adhésion à ces idées pour les prochaines batailles internes à venir. Un de ses fidèles, Jean-Marc Ayrault, président du groupe des députés PS à l'Assemblée nationale, résume l'originalité de sa pensée et le cœur du débat qui travaille les socialistes aujourd'hui par cette phrase : «Là où les catégories populaires demandent la reconnaissance de leurs efforts, de leurs mérites et de leurs aspirations à évoluer socialement, nous avons trop souvent assimilé la politique sociale à la lutte contre l'exclusion».