L'UMP peinait à finaliser ses listes, travaillé qu'il était par les ambitions paralysantes de ses composantes. Sans parler des malheurs que connaît sa liste reine en Ile-de-France emmenée par Michel Barnier et Rachida Dati. C'est une des nouvelles les plus rassurantes que la majorité présidentielle vient de recevoir. Coup sur coup, deux instituts de sondage viennent de prédire la victoire de l'UMP dans ces élections européennes à seulement 25 jours du scrutin du 7 juin. C'est d'abord le baromètre OpinionWay réalisé pour TF1, LCI, le Figaro et RTL qui donne l'UMP largement en tête avec 27% devançant le PS qui peine à 22%. Ensuite, c'est un sondage IFOP pour Paris-Match qui fixe l'UMP à 27% et le PS à 21,5%. La nouvelle est d'autant plus révélatrice de l'état d'esprit des électeurs français que le parti du président avait un lourd handicap à gérer. La grande peur que le scrutin européen, le premier grand test depuis le début de cette dépression économique, ne se transforme en référendum sur le bilan de Nicolas Sarkozy après seulement deux années au pouvoir qui ont vu le pouvoir d'achat connaître une baisse vertigineuse et le chiffre du chômage une hausse record. Et les nombreuses promesses de Nicolas Sarkozy s'évaporer avec la brise du matin. L'UMP peinait aussi à finaliser ses listes, travaillé qu'il était par les ambitions paralysantes de ses composantes. Sans parler des malheurs que connaît sa liste reine en Ile-de-France emmenée par le duo manifestement dépareillé que composent Michel Barnier, encore ministre de l'Agriculture et de la Pêche et Rachida Dati toujours garde des Sceaux. A cette grande confusion , il fallait rajouter l'épais brouillard qui entoure la véritable identité du chef d'orchestre, leader de la majorité. Etait-il le président de la République Nicolas Sarkozy, son Premier ministre François Fillon ou l'ambitieux secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand. Et c'est Xavier Bertrand qui a trouvé l'explication de cette embellie sondagière fort prometteuse : «On s'engage dans cette dernière ligne droite avec envie et enthousiasme. Nous avons envie de parler de l'Europe mais, si les autres n'ont rien à dire sur l'Europe, on est prêt à débattre de tous les sujets». Les autres, c'est principalement l'opposition socialiste, figée d'angoisse à l'idée de se faire battre par le parti du gouvernement. Jack Lang, le socialiste spécialiste des grosses œillades à Nicolas Sarkozy tente de mettre du baume au cœur de ses collègues en argumentant qu'en matière européenne «les sondages ne sont jamais fiables». Tandis que Martine Aubry, sentant sans doute le danger de la défaite pointer à l'horizon, a sonné le clairon de la «mobilisation générale pour changer l'Europe» : «Haut les cœurs, je compte sur vous et nous gagnerons», avait-elle lancé, martiale, à une assemblée de socialistes qu'elle a invités à aller «au pied des immeubles, avec nos tentes et nos candidats, dans les marchés, les hôpitaux, les entreprises» pour séduire et convaincre. Devant l'hypothèse envisagée par les sondages d'une victoire de l'UMP en juin prochain, les socialistes on appuyé sur l'accélérateur de la dramatisation comme le fait le porte-parole du PS Benoit Hamon : «Il faut que les Français sachent que si on ne change pas de majorité, on aura cinq années supplémentaires de démantèlement des services publics, cinq années supplémentaires de démantèlement de notre modèle social». Ou alors Laurent Fabius qui décrit des lendemains qui déchantent en cas de victoire de l'UMP : «Si jamais l'UMP fait un excellent score, vous verrez le soir M. Sarkozy -je ne peux pas dire venir à la télévision, il y couche- dire «on disait que ma politique était pas populaire, je double, je triple». Les socialistes peuvent toujours attribuer leurs handicaps à plusieurs facteurs dont la désastreuse politique de parachutage de candidats dans des territoires où ils ne disposent pas d'enracinement. Il peuvent toujours se plaindre de la multiplicité de l'offre politique à gauche qui diminue leurs chances d'être la seule force motrice de l'alternance à l'UMP. Les effets d'Olivier Besancenot qui anime une extrême gauche de plus gourmande et les ravages de François Bayrou qui veut faire du Centre une incontournable force politique, participent à démagnétiser le rôle du PS et à faire reluire la possible victoire de l'UMP.