Michel Barnier se trouve sur toutes les tribunes pour fêter son dernier Salon de l'agriculture mais surtout pour profiter de ses lumières pour asseoir sa candidature en tant que tête de liste UMP aux européennes. L'homme dispose de cette capacité rare : de convenir à tous les postes ministériels, de se mouler comme un gant dans les décors. L'art, souvent difficile à atteindre, d'être transparent, sans relief particulier. On le met dans n'importe quel décor, il sied, sans séduction enflammée ni rejet paralysant. Ses détracteurs ont une phrase tel un couperet pour l'exécuter: «il a le charisme d'une huître». Cet homme est Michel Barnier, ministre de l'Agriculture et de la Pêche. Cet ancien ministre Jean-Pierre Raffarin qui avait vécu de plein fouet la mésaventure des journalistes français, otages du bourbier irakien vit aujourd'hui deux actualités fortes. La première est la tenue du Salon de l'agriculture, porte de Versailles, où le terroir agricole français offre le meilleur de son savoir-faire. La seconde est sa conduite de la liste UMP Ile de France pour les élections européennes de juin prochain. Le Salon de l'agriculture se tient à l'ombre d'une grande crise économique. Michel Barnier fait lui même ce constat : «Cette crise n'épargne aucun secteur. Le revenu agricole a chuté de 15% en 2008». D'où la décision du gouvernement de redistribuer près de 1,4 milliard d'euros en faveur des filières agricoles en difficulté comme l'élevage. Ce qui a ravi les éleveurs et mécontenté les céréaliers. Michel Barnier accompagne cette décision de cette explication: «pour que cette politique (agricole) continue, s'adapte, soit forte et dispose d'un budget substantiel, il faut qu'elle soit quatre fois légitime, sur le plan économique, écologique, social et territorial… C'est une réorientation ambitieuse et raisonnable». Michel Barnier se trouve sur toutes les tribunes pour fêter son dernier Salon de l'agriculture mais surtout pour profiter de ses lumières pour asseoir sa candidature en tant que tête de liste UMP aux européennes. Cette fameuse liste ne manque pourtant pas de publicité. Elle a été celle qui a déclenché la plus sourde colère présidentielle contre Rama Yade lorsque cette dernière avait refusé d'en prendre la tête au risque de mettre en porte-à-faux la stratégie électorale de l'Elysée. Cette liste a brillé de mille feux lorsqu'elle s'est transformée en réceptacle garantissant une sortie de crise à l'autre icône de la diversité Rachida Dati, tombée en disgrâce auprès de Nicolas Sarkozy. Michel Barnier vient de relancer une polémique qui va encore secouer la liste UMP qu'il dirige aux européennes. Interrogé sur les bruits qui circulaient sur le fait que Rama Yade pourrait occuper une positon non éligible sur la liste, Michel Barnier lâche cette confidence : «pourquoi pas. Je sais, elle me l'a dit, qu'elle était prête à m'aider. J'en suis très heureux, car c'est une femme de qualité, comme Rachida Dati». En réponse à cette affirmation, Rama Yade n'a laissé place à aucun doute et avec un agacement non feint, a renvoyé vertement Michel Barnier : «Je me suis déjà exprimée maintes fois sur le sujet. Je ne sais plus comment vous le dire. Il n'a jamais été question d'une candidature de ma part eux européennes, même en positon non éligible». Dans la tête de Michel Barnier et de ses conseillers, la confusion est venue sans aucun doute des dernières déclarations de Rama Yade se disant à la recherche de «preuves d'amour» à offrir à Nicolas Sarkozy en signe de contrition et qu'occuper une place non éligible sur la liste UMP dont elle avait refuser de conduire la tête pourrait faire partie de ces irréfutables preuves d'amour. Michel Barnier va quitter le gouvernement en mai prochain pour se consacrer entièrement à la campagne électorale. Son départ sera le signe, entre autres, du début du remaniement gouvernemental que concocte Nicolas Sarkozy et qui devrait sanctionner le résultat de ces européennes. Rachida Dati quittera le gouvernement quand elle sera élue à Bruxelles. Fataliste, Michel Barnier se fait une raison : «C'est plus logique pour les autres candidats qui n'ont pas le même rôle dans cette campagne, et notamment Rachida, de quitter le gouvernement quand elle sera élue (...) C'est comme ça que cela se fait d'habitude».