L'actuel secrétaire d'Etat chargé de l'Aménagement du territoire, Hubert Falco, demande que son maroquin soit transformé en ministère avec une grande prédilection pour le ministère de l'Agriculture. Quelque chose d'extrêmement original est en train de se passer dans la galaxie Sarkozy. Est-ce la fin d'une époque, le crépuscule d'un cycle ? Nicolas Sarkozy était obligé de sortir de son silence, d'interpeller publiquement les ministres récalcitrants pour les remettre dans le droit chemin. Objet du délit politique: sentant l'approche inévitable d'un remaniement ministériel que provoqueraient les élections européennes avec les départs de Michel Barnier et de Rachida Dati, de nombreux ministres se sont répandus dans le presse pour afficher leurs préférences pour les postes ministérielles à pourvoir. Ainsi, les Français ont pu lire dans la presse que l'actuel secrétaire d'Etat chargé de l'Aménagement du territoire, Hubert Falco, demande que son maroquin soit transformé en ministère avec une grande prédilection pour le ministère de l'Agriculture. Poste que le mal-aimé du moment Roger Karoutchi, le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement avait mis dans sa ligne de mire. Autre bravade ambitieuse, la ministre du Logement Christine Boutin qui lorgne le ministère de l'Agriculture et des Pêches qu'occupe actuellement Michel Barnier ou celui de la Justice de Rachida Dati. Les deux titulaires étant certains d'aller montrer leurs talents à Bruxelles. La palme de l'impatience et de l'excitation semble revenir à Nadine Morano, actuelle secrétaire d'Etat à la Famille qui s'est déclarée, par voie de presse, candidate au poste de ministre de l'Intérieur, à la place de Michelle Alliot-Marie, à la Défense, à la place de Hervé Morin ou à un ministère de l'Education élargi à la Famille. Cette situation de ministres qui expriment, par voie de presse, leurs préférences est inédite. La tradition veut que les profils soient ciselés dans le grand secret pour que, Constitution oblige, sur proposition du premier ministre, le président de la République valide les choix proposés. L'excès de la part de ces ministres qui tentaient de forcer la main au président a été tel que Nicolas Sarkozy a été obligé de charger le porte-parole du gouvernement Luc Chatel d'une communication-mise au point d'une grande sévérité : «le président a tenu à dire aux membres du gouvernement que les Français traversaient actuellement une période difficile et que le rôle du gouvernement dans cette période, c'était de se concentrer sur les préoccupations des Français (…) Il a demandé à ses ministres du sang-froid, du calme, de la maîtrise et il a considéré que les positionnements ou les états d'âme qui avaient pu voir le jour dans la presse ces derniers jours apparaissaient comme ridicules et décalés aux yeux des Français». La sortie présidentielle, si elle avait fait le bonheur des commentateurs politiques, à jeté un froid sur le gouvernement. Un des rares à s'être porté volontaire pour expliquer et défendre la volonté présidentielle est Xavier Darcos, ministre de l'Education nationale: «je ne reproche à personne d'avoir de l'ambition et d'avoir le courage de cette ambition-là (mais) le fait que des ministres commencent à parler de leurs propres destins et fassent une espèce de chasse aux postes, me paraît assez inutile (…) Occupons-nous de nos affaires, de celles dont nous avons la responsabilité, pensons aux Français qui n'ont d'autres soucis que de savoir ce que nous allons devenir les uns et les autres». C'est la première fois que Nicolas Sarkozy parle publiquement de cette manière négative de ses ministres. Après avoir tancé à plusieurs reprises les députés UMP pour ne avoir été suffisamment présents au rendez vous de ses reformes, le président de la République s'en prend aujourd'hui à son exécutif. Il est vrai que par le passé, Nicolas Sarkozy avait tenté de distinguer le blé de l'ivraie en instaurant la tradition du G7, le groupe des sept ministres les plus fidèles à sa pensée et à son action. Réunion vite délaissée parce qu'elle donne plus de malaise que de résultats concrets. Avec cette montée d'adrénaline dans la presse autour des postes ministériels à pourvoir, le suspense n'en devient que plus aigu: Nicolas Sarkozy va-t-il céder à ses tentatives de lobbying organisées ou renverser totalement la vapeur en créant les nombreuses surprises dont, ouverture oblige, il avait acquis le savoir-faire et maîtrisé les ressorts ?