En étant obligé de répéter à plusieurs reprises qu'il est à l'Elysée pour cinq ans, Nicolas Sarkozy donne l'impression de répondre à tous ceux qui commencent à douter publiquement de la viabilité et la durée de son mandat. A la veille du premier tour du scrutin municipal, la question était sur toutes les lèvres : Comment Nicolas Sarkozy allait-il marqué l'occasion, lui dont les candidats UMP avait bruyamment évité la filiation et ostensiblement gommé de leurs affiches les références au président et à son parti. Allait-il organiser un grand meeting électoral à l'américaine au Zénith ou à la Porte de Versailles ? Ou allait-il donner une gigantesque conférence de presse qui lui permettrait de dérouler et d'exceller dans son original one man show ? Pour des raisons évidentes de météo politique non favorable, le président de la république n'a choisi ni l'une ni l'autre. Il s'est confortablement réfugié dans la pratique d'une interview cadrée accordée un à journal jugé «ami», «Le Figaro». Dans ce texte qui se destine publiquement à recadrer la parole présidentielle et à remobiliser l'opinion en faveur des réformes promises pendant la campagne des présidentielles, Nicolas Sarkozy est apparu dès le début sur ses gardes, acculé à la justification. «Je suis élu pour cinq ans (…) mon rendez-vous est clair : c'est la fin du quinquennat (…) Je n'ai pas l'intention de rythmer mon quinquennat en fonction des scrutins locaux, régionaux ou européens qui nous attendent». En étant obligé de répéter à plusieurs reprises qu'il est à l'Elysée pour cinq ans, Nicolas Sarkozy donne l'impression de répondre à tous ceux qui commencent à douter publiquement, à droite comme à gauche, de la viabilité et la durée de son mandat. Sur la question du remaniement tant attendu, même si Nicolas Sarkozy reconnaît que «ce scrutin aura aussi une signification politique que j'entendrai et dont je tiendrai compte», il affirme tout de suite ne pas être dans une disposition d'esprit de procéder à ce remaniement au lendemain du scrutin municipal. Les ministres peuvent donc dormir tranquilles sur leurs lauriers au moins jusqu'à la fin de la présidence française de l'Union européen. Et c'est Nicolas Sarkozy qui le dit de manière limpide : «Durant mon quinquennat, il y aura d'autres rendez-vous et d'autres occasions pour marquer un changement politique. Le lendemain de la présidence française de l'Union européenne sera certainement un rendez-vous important. J'ajoute qu'il me paraît peu indiqué de renouveler en profondeur le gouvernement avant la présidence française de l'Union. Les ministres doivent avoir la pleine maîtrise de leurs dossiers». La réponse sur ses rapports avec son Premier ministre François Fillon qui le dépasse largement dans les sondages était attendue avec beaucoup d'intérêt. A la question du «Figaro» , la popularité du Premier ministre est-elle une cause de tension entre vous ?, Nicolas Sarkozy donne cette énigmatique réponse : «Non. Je rappelle à ceux qui spéculent sur ce sujet qu'on ne change pas un Premier ministre en fonction des sondages. Le président de la République doit choisir le meilleur pour mettre en œuvre sa politique. C'est le choix que j'ai fait avec François Fillon». En termes de remaniement , Nicolas Sarkozy semble plus enclin à restructurer l'Elysée. Un des rares aveux de faiblesses concerne cette institution présidentielle : «Qu'il y ait eu quelques erreurs, c'est certain. Je note qu'elles n'ont pas été commises par Claude Guéant. Il a toute ma confiance et mon amitié». Par qui les erreurs ont-elles été commises ? Par la directrice de cabinet Emmanuelle Mignon accusée d'avoir suggéré au président le virage sur la «laïcité positive» ? Ce qui explique cette aveu au «Figaro» : «je suis de ceux qui pensent que la question spirituelle est essentielle, mais je dois veiller à ne ranimer aucune nouvelle guerre dont la France n'a vraiment pas besoin». Ou par Henri Guaino, le nègre enflammé du président qui l'entraîne sur des terrains que son électorat traditionnelle n'arrive plus à déchiffrer ? Mais la grande information de cette interview vient éclairer la vision de Nicolas Sarkozy sur l'Union méditerranéenne qui a été source de conflit avec l'Allemagne d'Angela Merkel. Voilà comment Nicolas Sarkozy lève le voile sur la structure de commandement de cette union : «L'Union pour la Méditerranée sera coprésidée par un président de la rive du nord et un président de la rive du sud. Une structure de direction, légère et opérationnelle, donnera corps à ce partenariat. Ne pourront présider que les pays qui sont riverains de la Méditerranée. Il y aura une réunion des chefs d'État et de gouvernement tous les deux ans, les décisions seront prises ensemble. Tous les pays membres de l'Union pourront participer au processus. Le 13 juillet, à Paris, il y aura un sommet des pays européens et des pays de la Méditerranée».