Le syndrome de Neuilly semble faire des petits un peu partout en France, surtout à Paris. L'homme qui capte actuellement les lumières de ce nouveau mélodrame en préparation est Pierre Lellouche. Qui a dit que les élections municipales seraient un long fleuve tranquille pour Nicolas Sarkozy et une promenade de santé pour son parti, l'UMP ? Certainement un observateur qui avait cru, à tort, que la magie du triomphe présidentiel allait perdurer tant la soif de changement était forte et la vague des réformes attendues est fortement désirée. Le scrutin de mars prochain s'annonce chaotique, à cause, entre autres, des nombreux parachutes qui avaient du mal à s'ouvrir. Cette semaine, la France entière vient de vivre la tragédie de Neuilly en trois actes, avec l'évacuation en urgence absolue de David Martinon, l'installation en désespoir de cause du divers droite Jean Christophe Fromantin et la rébellion programmée du putschiste estampillée UMP Arnaud Teullé. Le syndrome de Neuilly semble faire des petits un peu partout en France et surtout à Paris. L'homme qui capte actuellement les lumières de ce nouveau mélodrame en préparation est Pierre Lellouche, le candidat UMP du VIIIème arrondissement. Le député Lellouche menait tranquillement sa campagne, sûr de rafler la mise puisque la notoriété de ses adversaires dépasse rarement les quartiers de son arrondissement. C'était sans compter avec un évènement inattendu et un dommage collatéral imprévisible. Devenu un résident du VIIIème arrondissement qui abrite le palais de l'Elysée, le président de la République Nicolas Sarkozy a dû faire appel, le 2 février, à François Lebel, maire UMP, pour célébrer son mariage discret avec Carla Bruni. La légende largement diffusée par François Lebel voudrait qu'à la fin de la cérémonie, Nicolas Sarkozy se serait adressé au maire présent pour dire «Bonne chance pour les municipales». Le sang tunisien de Pierre Lellouche, il est né à Tunis le 3 mai 1951, n'a fait qu'un tour avant de réclamer un démenti à l'Elysée de ses propos et un engagement personnel de Nicolas Sarkozy à ses côtés pour mettre fin à la rumeur et la confusion. Ne voyant rien venir, Pierre Lellouche, spécialiste des questions de défense, atlantiste convaincu, s'est retourné vers la direction de l'UMP à laquelle il a adressé un communiqué furibard l'intimant de «siffler la fin de la récréation et remettre en ordre la maison UMP en prenant les mesures qui s'imposent». Pour quelle raison Nicolas Sarkozy tarde-t-il à répondre à la sollicitation de Pierre Lellouche présenté comme un ami du président et un sarkozyste de la première heure ? Alors qu'il avait accepté de déjeuner avec François de Panafieu quand cette dernière s'était offusqué du soutien qu'il avait manifesté à son adversaire le socialiste Bertrand Delanoë. Pierre Lellouche, actif soutien de la politique de George Bush et de la guerre américaine en Irak, avait depuis longtemps divorcé avec le couple Chirac-De Villepin et rejoint la marche triomphale de Nicolas Sarkozy vers le pouvoir. A deux reprises pendant la formation du gouvernement Fillon un et deux, Pierre Lellouche attendait que les portes des ministères s'ouvrent enfin pour lui. Il visait particulièrement le ministère de la Défense et celui des Affaires étrangères. Au nom de l'ouverture, Nicolas Sarkozy avait dévolu le premier au centriste Hervé Morin et le second au socialiste Bernard Kouchner. Devant tant d'occasions manquées, Pierre Lellouche n'a pu cacher son amertume : «Les gars qui se sont battu depuis cinq ans pour gagner l'Elysée et qui voient aujourd'hui leur président dire qu'il va prendre tel ou tel ministre socialiste, ça leur fait drôle». «Le Canard Enchainé » lui attribue des propos encore plus critique à l'égard l'ouverture : « On ne peut pas cacher qu'il y a à l'UMP pas mal de déçus. Il y en a même qui ont mal au cul. Sarko devrait nommer un ministre de la vaseline, à condition de la choisir dans la majorité». Commentant le phénomène des listes dissidentes qui font tanguer le navire UMP, Pierre Lellouche avait constaté dans une tribune publiée jeudi dans le Figaro : «Tout se passe comme si une partie de la droite et du centre, triomphante il y a huit mois à peine, avait décidé à l'approche d'une échéance électorale pourtant difficile, de se suicider en s'entre-tuant en public, oubliant même de livrer bataille à la gauche». Et d'enfoncer le clou en direction de l'Elysée : «La droite française, malgré la magie sarkozienne à l'UMP, serait-elle redevenue, Sarkozy parti à l'Elysée, la plus bête et la plus lâche du monde ?»