Claude Allègre qui avait publiquement annoncé qu'il allait voter pour les listes UMP, se répandait dans les dîners en ville que l'affaire était dans le sac, que la négociation était close et que bientôt il rejoindrait la photo gouvernementale. On peut modifier une équipe qui a réalisé des performances, mais on ne change jamais une formule qui a montré son efficacité et ouvert les portes du succès. Tel semble être l'état d'esprit du président Nicolas Sarkozy à la veille du remaniement ministériel tant attendu annoncé au lendemain des élections européennes. Et contrairement à une idée reçue ou plutôt à un préjugé établi, Nicolas Sarkozy et son équipe se sont livrés à des efforts surhumains pour ne pas tomber dans le triomphalisme gratuit, dissuadé sans doute par la brusque modestie de la performance qu'indiquait le taux record d'abstention. Mais le président Sarkozy a déjà donné une indiction majeure sur ce que vont être ses prochaines décisions politiques : l'ouverture sera élargie, renforcée et davantage mise en valeur. Il paraît aujourd'hui acquis que si le résultat de ces élections n'avait pas été aussi bon pour l'UMP, il aurait été plus difficile pour lui de continuer à vendre à son camp une technique de gouvernement qui avait largement fait polémique au sein même de sa famille. L'ouverture, qu'une large sensibilité de l'UMP contestait en silence, avait été au cœur du débat politique quelques jours seulement avant le scrutin européen. Héros de cette effervescence printanière, Claude Allègre, ancien ministre de l'Education nationale de Lionel Jospin, dont on annonçait une entrée éminente au gouvernement à la tête d'un grand ministère aux habilitations transversales. A cette époque déjà ancienne, l'Elysée et son premier cercle ne tarissaient pas d'éloges sur les qualités de l'homme qui avait pour ambition de «dégraisser le mammouth». Claude Allègre au gouvernement? Ce n'était qu'une question de temps et de calendrier. L'homme, ancien socialiste, qui avait publiquement annoncé qu'il allait voter pour les listes UMP, se répandait dans les dîners en ville que l'affaire était dans le sac, que la négociation était close, que bientôt il rejoindrait la photo gouvernementale. Les résultats des européennes avec la remarquable percée de la liste «Europe Ecologie» que conduit le Vert Daniel Cohn-Bendit, ont de fortes chances de changer la donne. Claude Allègre est connu pour ses postions contestées sur le réchauffement climatique n'a pas que des amis au sein des rangs écologiques devenus de plus en plus influents dans le sérail politique. Il paraît aujourd'hui dangereux pour Nicolas Sarkozy de miser sur un homme qui risque de cabrer cette sensibilité. L'ouverture pour Claude Allègre semble, sinon définitivement fermée, du moins largement rétrécie. Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il prendrait son temps pour opérer le remaniement qu'impliqueraient les départs pour Strasbourg de Michel Barnier, qui doit quitter le ministère de l'Agriculture et de la Pêche, et de Rachida Dati qui doit abandonner à contrecœur le ministère de la Justice. C'est presque une certitude aujourd'hui, il ne s'agirait que d'une ajustement. Le grand chambardement attendu qui verrait le départ de François Fillon de Matignon semble, sauf crise inattendue, reporté aux lendemains des élections régionales de 2010. Après avoir «casté» des personnalités politiques comme Bernard Kouchner, Eric Besson, Fadela Amara, Rama Yade, Rachida Dati ou Martin Hirsch, Nicolas Sarkozy est certainement à la recherche de nouvelles recettes pour surprendre. Même si il affirme, un brin énervé qu'il «n'avait pas attendu les Verts pour savoir que l'environnement est important», il y a de fortes chances qu'une personnalité emblématique de cet univers soit appelée au gouvernement pour renforcer le travail déjà entamé par le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo à travers le «Grenelle de l'environnement». Deux autres segments peuvent être concernés par les désirs et nécessités d'ouverture de Nicolas Sarkozy dont la cote de popularité se redresse à la faveur des bonnes performances des européennes : La société civile et la droite dite «nationale». En composant par petites touches son exécutif, Nicolas Sarkozy est en train de reconstruire la rampe de lancement qui doit le propulser vers un second mandat.