Dix mois à peine après son accession à l'Elysée, Nicolas Sarkozy est obligé de constater que sa magie a cessé d'opérer dans les urnes. Au lendemain de ce premier tour des municipales, Nicolas Sarkozy était à la fois invisible mais terriblement présent. Il était sur toutes les lèvres même s'il n'a fait aucune déclaration. Les premiers résultats de ce premier tour confirmaient la tendance de fond qui traverse la société française, à savoir un rejet de plus en plus organisé de ce qui a pu être perçu à l'occasion des présidentielles comme une adhésion massive au projet de réformes présenté par Nicolas Sarkozy. Dix mois à peine après son accession à l'Elysée, Nicolas Sarkozy est obligé de constater qu'après les sondages et les enquêtes d'opinions, sa magie a cessé d'opérer dans les urnes. Même si comme le dit la formule dorénavant consacrée pour qualifier les résultats de ce premier tour «la gauche est de retour alors que la droite résiste», force est de constater que la majorité présidentielle a perdu de sa superbe confondue parfois à de l'arrogance. Reclus et silencieux à l'Elysée, Nicolas Sarkozy avait délégué à son Premier ministre le soin de réagir et de commenter les résultats. François Fillon avait donné le ton en s'attaquant aux «responsables de l'opposition qui veulent exacerber les clivages partisans» et «mélanger les enjeux locaux et ceux de la nation» avant de lancer à l'attention de ceux qui exigent un changement de cap que «la politique de la nation a été débattue et tranchée par les Français au printemps 2007». Par cette petite phrase ciselée comme un slogan de campagne, François Fillon venait de fixer le cadre de la discussion et des débats.Tandis que les représentants de la gauche oscillaient entre l'avertissement et la sanction, ceux de la majorité présidentielle parmi lesquelles de retrouvaient des ministres en campagne exprimaient leurs soulagements de ne pas avoir vu un raz-de-marée rose déferler sur la carte municipale française. Si l'entourage de Nicolas Sarkozy se refuse à voir dans ce recul de la droite dans ce premier tour un vote sanction contre la personne du président de la République, il cite pour preuve l'élection dès le premier tour de deux ministre du gouvernement comme Luc Chatel, secrétaire d'État à la Consommation, et Laurent Wauquiez, porte-parole du gouvernement. Sans parler de la réélection d'un proche collaborateur du président de la République Jérôme Peyrat, chargé de la cellule parlementaire de l'Élysée. La non perte de Marseille et l‘élection d'Alain Juppé à Bordeaux sont à mettre aussi dans le cabas des bonnes nouvelles destinées à infirmer l'existence de ce ras-le-bol national contre Nicolas Sarkozy. Chacun des grands symboles de la vie politique française avait profité de ce premier tour pour marquer son territoire et valider sa démarche. Ségolène Royal a été la première à évoquer la notion de « sanction » que contiendrait ce vote avant de se lamenter publiquement sur le gâchis qu'il y avait à ne pas établir des alliances profitables avec les militants du MoDem du centriste François Bayrou. Stratégie tout de suite écartée d'un revers de la main par son ex-compagnon François Hollande en des termes qui ne laissent place à aucun doute : «Aujourd'hui, nous ne sommes pas dans une stratégie d'alliance parce que nous ne sommes pas dans une volonté de mettre Français Bayrou devant sa responsabilité». François Bayrou qui tout en subissant quelques difficultés pour se faire élire à Pau, continue de peser de manière décisive sur ces élections dans de nombreuses villes. Demi-succès pour la gauche, mini-échec pour la droite, les deux camps appellent leurs militants à transformer l'essai lors du round décisif de dimanche prochain. Il est clair que la stratégie des uns et des autres obéit à une logique opportuniste de dramatisation. Tandis que la gauche et le centre appellent bruyamment à donner à cette consultation une dimension nationale pour obliger le président de la République à changer de politique qui aggrave les inégalités sociales et fait fondre le pouvoir d'achat, la majorité présidentielle tient absolument à conserver à ce scrutin un tonalité locale sans enjeu national. Et sans aucun doute Nicolas Sarkozy que certains de ses détracteurs commencent à décrire comme «sourd» et enfermé dans «un autisme politique» attendra certainement le second tour de ces municipales pour dévoiler la nature des changements qu'il compte apporter à sa démarche pour reconquérir l'estime des Français.