Ce sont trente cinq toiles qui ont été volées du musée en construction Al-Ibriz de Rabat, a indiqué son fondateur après un récent inventaire établi sur l'ensemble de ses 30.000 toiles. Le musée (en construction) Al-Ibriz de Rabat constitue avec ses 30.000 toiles, le plus grand musée privé d'Afrique. Une vraie caverne d'Ali baba que les voleurs n'ont pas épargnée. Ce sont 35 toiles d'une valeur globale de plus de 2 millions DH qui ont disparu, a indiqué à ALM Abdeljabbar Lahrichi, le conservateur et fondateur de ce musée qui devait ouvrir ses portes au public courant 2010. Parmi ces tableaux, on cite ceux d'artistes tels Mohamed Kacimi, Miloud Labied, Mohamed Toumi et Mohamed Douah entre autres. Et il s'agit-là de la première opération de vol d'œuvres d'art au Maroc. Les services de la police judicaire en a enregistré la déclaration du vol le 29 septembre sous le N°11-44. Au début, M. Lahrichi a constaté la disparition de onze toiles uniques d'artistes reconnus. Mais le bilan du vol s'alourdissait au fur et à mesure. Le dernier inventaire, établi le 15 octobre sur l'ensemble des acquisitions du musée, a dénombré 35 toiles manquantes. Selon M.Lahrichi, ce vol est commandité. Il est l'œuvre d'une bande organisée et initiée puisqu'elle a pris le soin de sélectionner les toiles des artistes les plus prisés par les collectionneurs et amateurs d'art. D'après lui, cette bande a même dû visiter le musée à plusieurs reprises, étant donné que leur complice n'est autre que le gardien du musée qui est toujours en cavale. Suite à ce vol, M. Lahrairchi a lancé un avis de recherche desdits tableaux dont ont été avisés, en plus des services de la douane, plusieurs galeries et institutions de ventes aux enchères. Et notre collectionneur, lui-même artiste-peintre et galeriste ne perd pas espoir pour que ses tableaux refassent surface un jour ou l'autre. À titre de comparaison, la Joconde a été volée quinze fois et a toujours été retrouvée. M. Lahrichi va même jusqu'à lancer un appel aux personnes qui ont pu par ignorance acheter ces oeuvres volées. «Je suis prêt à racheter de ces personnes ces tableaux volés au même prix avec lequel ils les ont acquis. Cela pour que le marché de l'art au Maroc, qui connaît une vraie dynamique aujourd'hui, reste sain», a-t-il déclaré. Par ailleurs, il est utile de savoir que tout tableau acheté chez des non-spécialistes, c'est-à-dire en dehors de galeries, musées, vente aux enchères, est soit un tableau volé, soit un faux. Rappelons que Abdeljabbar Lahrichi, 64 ans, est un ancien décorateur de théâtre et producteur de spectacles. Il a également occupé plusieurs fonctions dans des institutions de presse. Il dispose d'un patrimoine de 100.000 tableaux, dont le tiers a été dédié à Al-Ibriz, ancienne demeure familiale transformée en musée et qui se situe en pleine vieille médina de Rabat. Sa collection privée est le fruit d'un minutieux et passionnant travail d'une trentaine d'années de rassemblement, d'échange et d'achat d'œuvres. Une partie de sa collection privée provient de l'héritage de son père qui était antiquaire et lui aussi grand passionné d'art.