Punition, sanction et châtiment... Ces notions, entremêlées, préoccupent le futur corps professoral. Ces pratiques restent courantes dans le milieu estudiantin. En se posant la question suivante : faut-il punir pour éduquer, les élèves-professeurs de la section française du Centre pédagogique régional de Casablanca (CPR) se sont réunis pour enrichir le débat sur les mesures de correction adéquates à adopter dans l'exercice de leur fonction. Le séminaire, tenu mardi 5 mai 2009, a réuni des pédagogues, des philosophes et des sociologues autour de cette problématique. S'agit-il d'une violence ou d'une correction ? Les intervenants ont mis le point sur les différentes dimensions que revêt le mot «punition». « Le but de cette manifestation est de sensibiliser la nouvelle promotion des professeurs sur l'impact psychique et social de la punition. Certes son usage est indispensable, mais il faudrait la penser d'un autre volet», indique Rachida Abou Ziad, élève-professeur au CPR. Éviter la conception limitée de la punition, transgresser sa banalité, et faire d'elle le dernier moyen de sanction, sont les revendications primaires des organisateurs. Cependant, cet acte n'est pas encore révolu. Selon une étude américaine présentée lors de la rencontre, 51% des enseignants interviewés ont estimé être pour la punition à l'école afin de garder un système éducatif équilibré. Au sein de l'école marocaine, le châtiment corporel est le premier recours des professeurs. Le micro-trottoir projeté démontre l'ampleur de ce fléau. Une dénotation flagrante qui confirme la présence antérieure de cette pratique dans le milieu estudiantin. «J'ai été témoin à plusieurs reprises de la punition en classe. La scène qui m'a marqué le plus est celle d'un camarade qui a été grièvement frappé par notre enseignant. Il lui a jeté un compas sur le visage», témoigne une lycéenne. Les séquelles psychiques sont toujours intériorisées. Malheureusement, au Maroc, les chiffres restent masqués. L'unique étude relative à la punition à l'école date de 2004. Elaborée par la psychologue Assia Akesbi, les données recueillies annoncent que 83% des instituteurs ont eu recours au châtiment corporel dont 54% sont par le biais de coup de bâton et 29% par les mains et les pieds. Abordant la punition psychique, 27% des enseignants ont approuvé avoir utilisé le «bonnet d'âne». Par ailleurs, la même étude démontre que les élèves de sexe masculin sont les plus exposés à ce préjudice. Cela est justifié par la nature rebelle des garçons. D'un point de vue psychologique, de docteur Abdelaziz El Ghazi a fait appel à l'application de l'approche transactionnelle dans les relations entre l'enseignant et son élève. Selon M. El Ghazi, «avant de commettre un acte de punition, l'enseignant doit se remettre en cause et prendre en considération l'état de l'élève. Ce facteur est un indicateur déterminant sur le milieu environnemental du disciple». Cette thèse est partagée par le philosophe Jean Zaganiaris qui a mis le point sur le pouvoir légitime dont dispose le corps professoral. Si cette autorité «adulte-enfant» fait preuve d'un usage abusif, elle peut faire sombrer l'élève dans une inégalité, voire « une minorité permanente». La solution étant de faire de l'école un espace propice d'échange et de connaissance. Pour atteindre cela, il est question de prendre en compte les éventualités du règlement interne de chaque établissement scolaire. Un code auquel les élèves sont amenés à collaborer pour pouvoir s'y confirmer.