L'envoyé personnel de Ban Ki-moon a l'avantage d'avoir hérité d'une feuille de route claire tracée par son prédécesseur. Le nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU a commencé par Rabat sa série de rencontres avec les responsables des pays concernés par l'affaire du Sahara. Christopher Ross compte, à travers ces premiers contacts, tâter le pouls dans chacune des capitales qu'il visitera sur la volonté d'avancer dans la solution de ce conflit qui dure depuis plus de trente ans. À Rabat, il trouvera une position claire, une volonté ferme de clore le dossier et une proposition réaliste et réalisable pour avancer dans la solution du conflit. À Alger, il se trouvera face à une position mitigée, à une volonté non affichée de maintenir ouvert ce dossier et un discours obsolète correspondant à une époque révolue. À Tindouf, il ne trouvera rien de particulier. On lui répétera ce que l'on lui aura déjà dit à Alger. L'absence totale d'une autonomie de décision chez les dirigeants du Polisario fait de cette étape une sorte de duplicata de l'escale à Alger. Mais, heureusement, M.Ross a décidé d'élargir sa première tournée de concertations à deux capitales essentielles pour la question du Sahara : Paris et Madrid. Deux capitales ayant une connaissance approfondie tant du dossier lui-même, que des réalités géopolitiques dans la région maghrébine. Les discussions qu'il aura dans ces deux pays lui permettront de mieux saisir la dimension géopolitique de cette affaire. Soutenant la proposition d'autonomie que le Maroc a eu le courage de mettre sur la table des négociations, les gouvernements français et espagnol auront la possibilité de réaffirmer cette position et d'expliquer à l'envoyé personnel de Ban Ki-moon la portée politique, socioéconomique et diplomatique de la proposition marocaine. Des raisons qui ont fondé le soutien dont bénéficie, aujourd'hui, le Maroc de la part de la communauté internationale et du Conseil de sécurité de l'ONU. M. Ross prend en charge un dossier certes rendu compliqué par l'entêtement des adversaires de l'intégrité territoriale du Maroc, mais il a aussi l'avantage de trouver le terrain balisé par son prédécesseur, Peter Van Walsum, dont il hérite d'une feuille de route claire qui consiste à continuer le processus des négociations de Manhasset sur la base de la proposition d'autonomie sous les auspices de l'ONU. Toute tentative de révision de cette feuille de route ne ferait que réintroduire les parties dans le labyrinthe des fausses tentatives de solutions dont ils viennent à peine de sortir après trois décennies passées à la recherche d'une issue.