Olivier Besancenot est ce jeune facteur de Neuilly qui vit à sa manière «le grand rêve américain». Propulsé à la tête de la LCR, le voilà, jeune pousse de la politique française qui aspire à jouer les premiers rôles de l'opposition. Ironie de l'histoire, c'est au moment même où Nicolas Sarkozy tentait de reprendre la main sur la gestion de la grande crise qui frappe l'économie française, qu'Olivier Besancenot annonce la dissolution de la Ligue communiste révolutionnaire pour la remplacer par le nouveau parti anticapitaliste. Les deux hommes se sont érigés dans cette actualité comme deux symboles à la démarche aussi contradictoire qu'involontairement complémentaire, Nicolas Sarkozy tentant de rapiécer un système qui craquelle de partout et Olivier Besancenot portant le fer de la contestation sociale à des proportions rarement atteintes. Olivier Besancenot est ce jeune facteur de Neuilly qui vit à sa manière «le grand rêve américain». Propulsé brusquement à la tête de la LCR, un groupuscule d'extrême gauche fondé il y quarante ans, le voilà, jeune pousse de la politique française qui aspire à jouer les premiers rôles de l'opposition. Première grande initiative sous son dynamisme, la LCR est dissoute et le NPA est né. Le visage poupin d'Olivier Besancenot est devenu si familier aux Français que Michel Drucker, la star incontestée du divertissement sur la télévision publique, s'est cru obligé de lui consacrer un «Vivement Dimanche» resté dans les annales par les thématiques abordées et le style de discours formulé sur la crise sociale. Olivier Besancenot, une allure d'éternel lycéen, un débit verbal d'un adolescent passionné, a incarné aux yeux de l'opinion une vraie rupture dans la représentation de l'extrême gauche traditionnellement illustrée par des postures ridées et des discours coulés dans le bronze. Olivier Besancenot a eu cette dextérité de formuler un discours contestataire des plus simples à saisir. Ce qui lui a garanti une popularité sans commune mesure avec le poids politique réel de la LCR. Avec ses 4,08% lors des présidentielles de 2007, Olivier Besancenot a tiré une prestigieuse épingle du jeu politique français. Il semble avoir profité de la désastreuse situation des socialistes française et leur fratricide guerre de chef pour camper le personnage du premier opposant à Nicolas Sarkozy. La légende parisienne attribue à Nicolas Sarkozy une volonté machiavélique de favoriser des personnages comme Olivier Besancenot pour affaiblir davantage l'opposition dans la perspective des prochaines échéances électorales. Cette même légende veut que dans l'avion qui les ramenait du Liban en juin 2008, Nicolas Sarkozy aurait interpellé François Hollande, le premier secrétaire du PS de l'époque, sur le thème, la droite a mis vingt ans avant de se débarrasser de l'extrême droite, «Maintenant c'est votre tour». Olivier Besancenot sait que la critique de la gouvernance de Nicolas Sarkozy est un bon filon dans lequel il faut exceller pour élargir le cercle de son audience. Une des plus récentes charges fut son évaluation de la prestation télévisée du chef de l'Etat : «Pendant 90 minutes, on a obtenu simplement 90 bonnes raisons supplémentaires de se mobiliser… La politique de Sarkozy est libérale et brutale. En plus d'être injuste, elle va alimenter la crise elle-même». Du pur Besancenot dans le texte, cogneur, direct, percutant. Avec le NPA, qu'il vient de lancer sur les décombres de la LCR, Olivier Besancenot compte ratisser large pour pouvoir peser sur les prochaines échéances électorales, la colère sociale étant un puissant euphorisant. Une des premières énigmes à résoudre et qui divise déjà les rangs du nouveau-né fut les alliances à passer avec les autres formations qui partagent la constellation de la gauche. La stratégie déclarée du jeune facteur de Neuilly est de ne pas créer une «boutique électoraliste», mais socialistes, communistes et autres militants de la gauche n'auront de cesse que de réclamer à la nouvelle coqueluche de l'extrême gauche de se positionner dans des alliances pour pouvoir un jour espérer sortir de la culture de la contestations au sentiment de la responsabilité. Le premier test de cette preuve va être les élections européennes de juin pendant lesquelles le NPA dirigé par Olivier Besancenot va devoir montrer à la fois son activisme enflammé et sa maturité d'adulte.