Olivier Besancenot a presque totalement disparu du radar. Son parti, le NPA, qu'il a su rajeunir à coups de grands effets d'annonce, se voyait déjà réaliser des miracles à l'occasion de ces élections européennes. Mais où est donc passé Olivier Besancenot, le jeune leader du NPA (Nouveau parti anticapitaliste), à qui l'humeur sociale tendue de ces derniers mois pour cause de crise économique aiguë, promettait monts et merveilles. L'homme a presque totalement disparu du radar. Son parti, le NPA, qu'il a su rajeunir à coups de grands effets d'annonce, sur les décombres d'une extrême gauche vieillissante, se voyait déjà réaliser des miracles à l'occasion de ces élections européennes. Les raisons de cette euphorie, vite démentie par les sondages, étaient objectives. Olivier Besancenot s'était positionné sur l'échiquier politique français comme un opposant radical, sans concession à Nicolas Sarkozy. Et si la campagne de ces européennes devait se faire sur le bilan de la gouvernance du président de la République, quoi de plus naturel que de voir les électeurs, subissant de plein fouet les effets de cette crise, récompenser ceux qui ont su formuler les réquisitoires les plus violents et les charges les plus radicales. D'autant plus que l'actualité offrait à Olivier Besancenot des occasions naturelles de faire campagne : des usines qui ferment aussi furtivement que des licenciements massifs sont annoncés avec fracas. Un pouvoir d'achat en berne, des réformes qui bloquent… En bonne logique politique, Olivier Besancenot, qui a fait de l'anti-Sarkozysme total sa marque de fabrique et sa raison d'exister, aurait dû trôner dans le trio de tête de ceux qui s'apprêtent à cueillir le fruit mûr de cette frustration. Olivier Besancenot avait excellé dans le seul art couru actuellement par le gratin de l'opposition : s'opposer bruyamment à Nicolas Sarkozy. N'est-ce pas le pain quotidien d'un Dominique de Villepin, le fonds de commerce juteux d'un François Bayrou, l'investissement lucratif d'une Ségolène Royal ou le rêve éveillé d'une Martine Aubry ? Cette posture pouvait à elle seule propulser Olivier Besancenot en haut de la pyramide et lui garantir un excellent résultat. Or, les sondages, toutes catégories confondues, ne donnent aucune grandiloquence électorale à Olivier Besancenot et son NPA. Trois grandes raisons, au moins, peuvent expliquer cette déconfiture annoncée. La première concerne le taux d'abstention annoncé comme battant des records. L'abstention touche principalement la catégorie électorale sensible aux discours d'Olivier Besancenot, à savoir les jeunes. Si les jeunes boudent comme prévu les urnes, il y a donc peu de chance qu'Olivier Besancenot puisse réaliser des performances. La seconde vient de l'incapacité du NPA, sans doute grisé par la visibilité médiatique de sa nouvelle icône ainsi que la certitude d'incarner la seule opposition efficace à Nicolas Sarkozy, de conclure des alliances avec les autres composantes de la gauche comme le Parti communiste français de Marie-George Buffet, la nouvelle gauche de Jean-Luc Mélenchon ou Lutte Ouvrière (LO) de Nathalie Arthaud. Pour un parti relativement nouveau qui ne dispose pas encore d'une implantation dense, le défi est difficile à relever. La troisième raison touche les rapports difficiles et conflictuels entre Olivier Besancenot et la hiérarchie socialiste. Le PS n'hésite plus à accuser le jeune facteur de Neuilly de faire le jeu de Nicolas Sarkozy pour affaiblir la seule opposition capable de fournir une alternative crédible comme le dit Manuel Valls, le député maire d'Evry : «Le rôle du PS, contrairement à François Bayrou et à Olivier Besancenot, c'est de bâtir une alternative crédible de gouvernement qui passe par la proposition». Un autre socialiste, Vincent Peillon, avait déjà ouvertement accusé Olivier Besancenot de «conforter le pouvoir de Sarkozy». Ce à quoi, Olivier Besancenot, énervé, a répondu avec le tact juvénile qu'on lui connaît : «Il faut arrêter de trouver toujours chez les autres les raisons de son propre échec. Je pense que le Parti socialiste, en ce moment, n'a besoin de personne pour connaître sa propre crise». Cette accusation de servir Nicolas Sarkozy qui a été soupçonné, dans le but manifeste de diviser la gauche, de se livrer avec Olivier Besancenot au même jeu qu'avait joué en son temps François Mitterrand avec Jean-Marie Le Pen pour affaiblir le droite.