Olivier Besancenot a toutes les raisons de vouloir remonter les pentes de l'opinion et de retrouver les premières loges de l'actualité politique. Si l'objectif de la manœuvre était de faire parler du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot, de le sortir d'un impitoyable anonymat dans lequel il est retombé après une brusque gloire médiatique, elle vient de réussir au-delà de toute espérance. La manœuvre est bien sûr la décision du NPA de présenter en position éligible, pour les prochaines élections régionales, une candidate voilée, Ilham Moussaïd, 25 ans, étudiante, trésorière départementale du NPA et membre du «comité populaire» à Avignon. Cela se passe dans le Vaucluse. L'affaire fait un si grand bruit pour deux raisons principales. La première est qu'elle intervient dans un contexte politique extrêmement alourdi par un débat électrique sur l'identité nationale et une controverse générale, non moins tranchée, sur le port de la burqa sous le ciel républicain. La seconde est que le parti qui ose une telle décision est celui qui avait fait de la défense de la laïcité et du féminisme un fonds de commerce non négociable. Cette décision du parti d'Olivier Besancenot fut critiquée de toutes parts. Entre ceux, à gauche, qui lui reprochent de faire rentrer la religion dans le champ de la République alors qu'elle doit rester du domaine privé. Et ceux, à droite, qui l'accusent d'instrumentaliser la pratique religieuse à des fins électoralistes, Olivier Besancenot ne s'en sort pas indemne. Il fut même accusé, de tenter, à travers, un tel casting, de mobiliser un vote communautariste sur la base d'une religion à un moment où la gauche dans son ensemble exprime quelques difficultés à reconquérir le vote ouvrier. Mais la critique la plus porteuse lui fut adressée par la Ligue du droit international des femmes qui avait eu pour ancienne figure de proue Simone de Beauvoir. Elle reproche à Olivier Besancenot son double langage. D'un côté, «il se revendique comme le parti des opprimés mais de l'autre, adhère à un symbole (qui) signifie ségrégation entre les sexes». Critiqué de toutes parts et souvent avec la revanche que dictent de vieilles rancunes et des règlements de compte encore vivaces, Olivier Besancenot avait tenté d'expliquer ce choix: «La foi est une question privée qui ne saurait faire obstacle à la participation à notre combat dès lors que les fondamentaux laïcs, féministes et anticapitalistes de notre parti sont sincèrement partagés». Olivier Besancenot pourra toujours arguer que le NPA est en train de pratiquer la diversité à sa manière, intégrer, ne pas exclure. A condition que le socle militant sur lequel repose le NPA ne soit pas entamé par ce bout de tissu et la somme de significations qui va avec. Olivier Besancenot a toutes les raisons de vouloir remonter les pentes de l'opinion et de retrouver les premières loges de l'actualité politique. Après avoir un moment réussi à faire trembler le Parti socialiste de Martine Aubry en se présentant comme la principale force sociale d'opposition à Nicolas Sarkozy et à ses plans de réforme, il dut vite déchanter lorsque les élections européennes lui apportèrent de médiocres résultats. La suprématie qu'il voulait imposer à gauche fut vite déjouée par le Front de gauche formé par l'ancien socialiste Jean-Luc Mélenchon associé dans cette aventure à des communistes purs et durs.