La crise internationale et son impact sur l'immobilier au Maroc a été au cœur d'une conférence qui a rassemblé plusieurs experts, dont Josep Pique, président de Mixta et ancien ministre espagnol des Affaires étrangères. «Je suis à la fois désolé et triste de le dire : l'Espagne traverse une crise plus profonde que celle d'autres pays». C'est en ces termes que Josep Pique, président de Mixta Africa et ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, a commencé son intervention dans une conférence organisée par l'Association pour le progrès des dirigeants (APD), hier, mardi 25 novembre, à Casablanca. Sur le thème «Mutations du marché immobilier international : quelles opportunités d'investissement immobilier et touristique pour le Maroc», cette conférence a été animée, entre autres, par Hassan Belbachir, conseiller au groupe Addoha, Youssef Ben Mansour, président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), Noureddine Charkani, président de Wafa Immobilier. «Le monde traverse une crise grave qui est une conjonction de trois crises : celle des matières premières, celle de l'immobilier et celle du marché financier. Il est donc urgent d'entamer des réformes structurelles», a souligné M. Pique. Selon une récente étude, les ventes de biens immobiliers en Espagne ont chuté de 30,5% sur un an au troisième trimestre, accentuant une baisse entamée en cours d'année en raison d'une offre surabondante et un durcissement de l'accès d'au crédit. Il existe 1 million unités de logements prêtes et qui n'arrivent toujours pas à trouver repreneurs. En Espagne toujours, la récession approche à grands pas avec un PIB contracté de 0,2 % au troisième trimestre par rapport au deuxième, du jamais vu depuis 15 ans. «Quel est l'impact de cette crise sur le Maroc ? Cela va se sentir sur les exportations marocaines puisque la demande du marché extérieur s'est rétrécie. Il y a également les IDE où l'on assistera à un manque dans les capacités de financement et le flux des MRE qui devrait connaître lui aussi une baisse», a noté le président de Mixta Africa. «À tout cela, il faut ajouter le phénomène des délocalisations vers le Maroc, notamment pour le secteur bancaire. Pour le logement économique, au Maroc, c'est fait pour y vivre et non pour y investir ! Je rappelle aussi que le Maroc a une population jeune, un gouvernement lucide et des entrepreneurs très impressionnants», a-t-il conclu son intervention. Du côté marocain, on souligne qu'au Maroc, il y a une «crise de logements et non une crise de l'immobilier», selon les termes de M. Belbachir, conseiller d'Anas Serioui. «Nous avons un déficit en logements de près d'un million d'unités. Pour la classe moyenne, les promoteurs ne se sont pas assez intéressés à ce segment. C'est pour cela que nous assistons ces derniers mois au lancement de villas économiques», a indiqué M. Belbachir. Pour sa part, Youssef Ben Mansour, président de la FNPI, a fait remarqué que l'immobilier marocain est «un marché domestique». «Il n'y a pas lieu de faire des comparaisons avec d'autres pays parce que le marché immobilier marocain est là pour satisfaire un besoin local», a affirmé M. Ben Mansour avant d'exposer les dernières statistiques du secteur. Ainsi, la valeur ajoutée du secteur immobilier marocain atteindrait 37,2 milliards DH en 2007, contre 31,7 milliards DH en 2006 soit une hausse de 13 %. Quant aux IDE, ils ont atteint 4,1 milliards DH en 2006 contre 1,8 milliard DH en 2002, soit une progression de 127,8 %. En 2007, les IDE affectés à l'immobilier ont atteint 7,6 milliards DH, soit une croissance de 84,4%, par rapport à 2006. Pour le premier semestre de cet exercice, les IDE destinés à l'immobilier ont atteint 5,81 milliards DH, contre 3,57 milliards DH au premier semestre de 2007, soit une progression de 63 %.