La police espagnole se déchaîne sur des contre-manifestants marocains pacifiques. Ils voulaient s'opposer à une réunion de propagande du Polisario à Séville. Une nouvelle fois, les Espagnols manifestent leur hostilité à l'égard du Maroc Fièvre au ministère des affaires étrangères. Ce samedi 24 novembre n'aura pas été un jour chômé dans la grande bâtisse de verre, sise à Rabat, face au Chellah. Un groupe de Marocains se fait expulser, en début de cette matinée, de Séville. L'affaire est grave en ces temps de crise maroco-espagnole. Le département aux destinées duquel préside le duo Mohamed Benaissa et Taïeb El Fassi décide de ne pas rester silencieux. Première action, le ministère suit de près les événements qui vont en s'accélérant dès les premières de ce samedi 24. depuis l'interpellation jusqu'à ce qu'à l'invitation à quitter le territoire espagnol, un euphémisme ibérique pour dire expulsion. Heure par heure, les deux responsables gouvernementaux suivent les péripéties de ce groupe de 13 Marocains, présents à Séville à l'initiative de l'Association Sahara marocain, pour marquer leur présence à «la 27ème conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui». L'affaire du Sahara et de l'intégrité territoriale du Maroc est depuis quelques semaines un enjeu électoral de politique intérieure espagnole. «Les candidats potentiels ne peuvent plus battre campagne sans leur lot de camp et autre aide humanitaire», soupire un haut responsable. Le groupe dont font partie quatre journalistes est interpellé par la police de Séville, un peu après 9 heures. Après une fouille en règle de leurs voitures, ils sont fermement invités, par le préfet de police de la ville, à ne plus bouger d'un parking du centre-ville, puis conduits, sous escorte sécuritaire, au port d'Algésiras. Ils sont priés de quitter le territoire espagnol où ils sont jugés indésirables. Le président de l'association, M. Taoujni, alerte les autorités marocaines. Les Affaires Etrangères se saisissent du dossier et suivent les minutes d'une provocation annoncée. «C'était d'autant plus inacceptable que quatre journalistes faisaient parti du groupe et qu'ils ont été empêchés d'exercer leur métier», nous a déclaré une source proche du ministère des Affaires étrangères. A Rabat, le ministère mène l'enquête et tente d'en savoir plus. Histoire de déceler et surtout de comprendre l'incompréhensible, c'est à dire les raisons d'une escalade. Le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa essaie de joindre son homologue espagnol. M. Josep Pique est en voyage officiel au Pérou. Les deux responsables ont une longue explication au téléphone. Apparemment, le ministre espagnol des Affaires étrangères n'aurait pas été informé de cet incident. Difficile à croire… Puis, Josep Pique se lance dans une longue envolée politico-diplomatico-pacifique dont l'objectif serait en gros de «calmer le jeu». Quelques heures plus tard, les deux ministres reprennent langue. Le responsable en charge de la politique étrangère espagnole a une explication et tient à la partager avec les Marocains. «Ainsi, selon les autorités espagnoles, le groupe des 13 Marocains interpellés était susceptible de troubler l'ordre public. Pour quelle raison ? avons-nous demandé. Il nous a été répondu que l'on a retrouvé des drapeaux marocains dans les coffres de leurs voitures» nous a confié notre interlocuteur, proche de la mini-cellule de crise, avant d'ajouter, ironique, que «les fanions, du moins certains d'entre eux, sont, semble-t-il, dangereux en terre espagnole». En fin de soirée, Mohamed Benaïssa transmet officiellement à son homologue espagnol, «les vives protestations du gouvernement de S.M. le Roi». La mesure d'expulsion est qualifiée «d'acte d'hostilité flagrant, injustifié et injustifiable vis-à-vis du Maroc et de tout le peuple marocain». Tout semble indiquer que les choses n'en resteront pas là. Le communiqué marocain évoque le prochain examen de «décisions et de mesures qui s'imposent». Décryptée, l'annonce est peut-être un avant-goût d'une diplomatie marocaine plus offensive. «N'oublions pas que l'Espagne préside dans les prochaines semaines l'Union Européenne et qu'à ce titre elle devra se mettre en règle avec ses propres contradictions. Et avec l'affaire de la rétrocession de Gibraltar, le Maroc a un excellent argumentaire pour Sebta et Melilia».