L'ADFM mène depuis plus de deux ans une réflexion sur l'inégalité successorale. Elle se penche notamment sur le droit des femmes aux terres collectives. ALM : Quelle est la position de l'ADFM vis-à-vis de ce débat sur l'héritage et les droits des femmes ? Rabéa Nacéri : Nous ne voulons pas communiquer tant que l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) n'a pas de position claire vis-à-vis de cette question. Certes, nous avons entamé une réflexion depuis plus de deux ans sur l'héritage et les droits de la femme. À travers cette réflexion, nous allons faire des propositions concernant le droit successoral. Mais, pour le moment, nous n'avons toujours pas d'avis tranchés sur cette question-là. Nous ne voulons pas polémiquer ! Avez-vous peur des islamistes ? On n'a peur de rien ! Quand on aura décidé d'une position claire et nette, on la communiquera et surtout on l'assumera. Vous savez, nous n'avons pas peur de réagir. Nous préférons plutôt avoir une feuille de route claire et après on pourra exprimer avec beaucoup de précision notre avis sur le droit successoral et le traitement réservé aux femmes. On pourra même aller au-delà du «Attaâssib» ! La finalisation de cette feuille de route ne va pas tarder à se faire. Nous voulons juste prendre en considération et les textes de lois et la réalité. Cette feuille de route est pour bientôt. Vous travaillez également sur le droit des femmes aux terres collectives… Effectivement, des femmes qui n'ont pas bénéficié de leur droit dans des terres collectives ont contacté l'ADFM. Vous savez, avec l'extension des zones urbaines, de grands groupes immobiliers ont commencé à acheter des terres collectives. Ces femmes-là se retrouvaient ainsi exclues et obligées à aller vivre dans des bidonvilles. Elles sont donc victimes d'une pratique ancestrale du système patriarcal qui n'accorde qu'aux seuls chefs de famille mâles le droit à la succession sur ces terres même si cela ne s'appuie sur aucune loi. Vous savez, aujourd'hui, il n'y a pas que les chefs de famille mâles qui bénéficient de ces terres collectives, mais aussi des hommes célibataires et même des jeunes de plus de 16 ans !