Ils se sont rencontrés à la prison et ont constitué un duo qui agresse les victimes. Mais le haschich les a séparés à vie. À son vingt-sixième printemps, Hafid est devenu un habitué des salles d'audience. S'il avait purgé une première peine d'emprisonnement de trois mois, il y a trois ans, pour vol simple, il est retourné à la prison à trois autres reprises. Pour les deux dernières fois, il a été condamné à un an de prison ferme chacune pour vol avec récidive, coups et violence. La quatrième fois lui a coûté six mois de prison ferme pour consommation de drogue. D'ailleurs, c'est la drogue qui est la cause essentielle de son incarcération, cette cinquième fois. Comment ? D'abord, c'est à la prison que Hafid a consommé, pour la première fois, du haschich. Il ne fumait pas de cigarettes. Son seul vice était les boissons alcoolisées. À la prison, il est arrivé à consommer également des comprimés psychotropes. «Je consommais toutes les drogues susceptibles de me faire oublier ma vie à la prison…», a-t-il affirmé devant la Cour de la chambre criminelle près la cour d'appel de Casablanca. Mais le président de la Cour lui a précisé : «Tu dois m'expliquer si tu étais drogué au moment de ton crime ou non…». Quel était donc son crime ? Hafid est poursuivi pour homicide volontaire contre son ami, Rachid. Âgé de vingt-deux ans, ce dernier était incarcéré pour complicité au vol qualifié. C'est à la prison qu'il a rencontré, pour la première fois, Hafid. Quand ils ont quitté la dernière fois les murailles de la prison d'Oukacha, ils sont devenus des amis, non pas pour le bien, mais pour le mal. Ils ne se rencontraient que pour agresser des victimes et consommer de la drogue. «Nous fumions notre premier joint quand il a commencé à me reprocher d'avoir refusé, la veille, de lui remettre sa dose de haschich qu'il devait fumer avant son sommeil…», a expliqué Hafid à la Cour. Hafid a expliqué à son ami, Rachid, qu'il ne disposait que d'un petit morceau de haschich, juste la quantité nécessaire pour se sommeiller. « Mais, il n'était pas convaincu…Il a continué à me reprocher… Tout d'un coup, je l'ai insulté…», a ajouté Hafid. Rachid a alors poussé par son pied droit Hafid. Ce dernier est tombé, puis il s'est relevé. Rachid semblait avoir perdu le contrôle de ses nerfs. Il s'est avancé vers Hafid, a tenté de lui donner un coup de poing. Hafid a reculé avant de le solliciter de se calmer. Mais, Rachid a continué à l'insulter tout en essayant de le violenter. Tout d'un coup, il a brandi un couteau. Hafid n'était pas dans un état calme. Il a saisi une pierre et l'a frappé à la tête. Rachid est tombé par terre. Hafid lui a arraché le couteau et lui a donné un coup au niveau de la poitrine. C'était le coup fatal. Après avoir écouté l'intervention du représentant du ministère public qui a requis la peine maximale et la plaidoirie de l'avocat de la défense, constitué dans le cadre de l'assistance judiciaire et après les délibérations, la Cour a requalifié l'accusation d'homicide volontaire au coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner et a condamné Hafid a douze ans de réclusion criminelle.