La rencontre entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama est politiquement originale dans les sens où les deux hommes appartiennent presque à la même génération. Après l'Afghanistan, l'Irak, la Jordanie , Israël et les territoires palestiniens, et l'Allemagne, Barack Obama, le candidat démocrate à la présidentielle américaine, pose son sac à dos de globe-trotteur à l'Elysée ce vendredi pour une rencontre inédite avec Nicolas Sarkozy. Alors que son concurrent républicain John McCain est un habitué des lieux, Barack Obama profite pour la première fois des honneurs de l'Elysée. La photo des deux hommes, Nicolas Sarkozy dont le pays préside l'Union européenne et Barack Obama dont, en théorie, seulement quelques mois le séparent de la Maison-Blanche, est attendue avec beaucoup de curiosité et d'impatience. Il s'agit, à n'en pas douter, d'un des moments les plus forts de la semaine politique avec pourtant des instants de stress provoqué par la visite de Nicolas Sarkozy en Irlande et des instants de vertige provoqués par le vote à couteaux tirés de la réforme des institutions. Barack Obama, que la Chancelière allemande décrit comme «un homme plein de force physique, psychologique et politique» vient à Paris après avoir fait le tour des principales crises qui menacent la paix dans le monde. Bien avant d'entamer sa tournée, le candidat démocrate avait tenté de distinguer son projet politique de celui des républicains en faisant de l'Afghanistan le centre de gravité de la lutte contre le terrorisme. Plus il décrivait la dangerosité d'un pays comme l'Afghanistan, plus il amplifiait, par ricochet, l'erreur républicaine d'avoir envahi à tort un pays comme l'Irak. Sur Israël et la paix avec les Palestiniens , Barack Obama n'a pas révolutionné son approche. S'il a redit son soutien à Jérusalem capitale d'Israël, il a tout de suite laissé ouverte aux négociations à venir : «Je n'ai pas changé ma position. Je continue de dire que Jérusalem sera la capitale d'Israël. Je l'ai dit dans le passé et je le répète. Mais j'ai aussi dit qu'il s'agit d'une question liée au statut final». Le tout accompagné de cette profession de foi générale et pleine de bonnes intentions que ne renierait pas le plus néoconservateur des républicains «La prochaine administration américaine devrait aider les parties à construire à partir des progrès déjà réalisés vers l'objectif de deux Etats vivant côte-à-côte en paix et en sécurité». La rencontre entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama est politiquement originale dans les sens où les deux hommes appartiennent presque à la même génération. Ce qui peut les rapprocher est beaucoup plus fort et beaucoup plus évident que ce qui les peut les séparer. Le candidat démocrate n'oublie pas que Nicolas Sarkozy avait fait assauts d'amabilités et de soutien à l'encontre de l'administration Bush dans le but de réparer une relation franco-américaine gravement détériorée par la guerre contre l'Irak. D'ailleurs sur la manière dont l'administration républicaine a gérer cette crise et les critiques internationales qu'elle a dû subir, Barack Obama pourrait facilement épouser une approche complice avec les positions anti guerre qu'avaient adopté en leur temps des hommes comme Jacques Chirac ou Dominique De Villepin. Et s'il y a un sujet sur lequel Barack Obama et Nicolas Sarkozy pourraient jouer une partition harmonieuse, c'est l'Iran et la nécessité absolue de l'empêcher d'acquérir l'arme nucléaire. Nicolas Sarkozy l'a répété à plusieurs reprises et Barack Obama vient de le redire avec force et clarté : «Un Iran nucléarisé serait une grave menace et la communauté internationale doit empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire». A Berlin comme à Paris, Barack Obama sait qu'il est en terrain conquis. A part les choix rationnels des pouvoirs politiques dans des pays comme la Grande-Bretagne, l'Italie ou la France de Nicolas Sarkozy, l'Europe était devenue un gigantesque conglomérat de «Bush haters» qui voient la fin de mandat de George Bush comme une délivrance. Les opinions en Europe, saisi par «une Obamania» impossible à dissimuler, attendent avec impatience le changement de locataire de la Maison-Blanche. A titre d'exemple en Allemagne, une un récent sondage montre que 76% des Allemands souhaitent la victoire du jeune sénateur, contre 10% seulement qui préfèreraient celle de John McCain.